Le point faible de l'Union n'est pas à Francfort, mais à Bruxelles:« Santer était tombé sur un vice de forme, Barroso doit s'effacer pour vices de fond ». On ne restaure pas la confiance avec des responsables discrédités! Heureusement, il y a l'euro ! Heureusement, il y a une Banque centrale européenne qui a plus de lucidité, de cohérence et de sang-froid que la plupart des gouvernement ! Ce double constat n'est guère dans l‘air du temps. Mais tant pis. C'est parce que nos responsables politiques et la Commission Barroso n'ont pas suffisamment résister à l'air du temps, à la doxa en mode, aux sirènes d'Outre-Atlantique et d'Outre-Manche que le choc américain se fait sentir si rudement en Europe.
Mais imagine-t-on un instant ce que serait cette crise déferlante sans ce qui a le grand mérité d'exister ? Oh ! Les belles dévaluations ! Oh ! Le joli fonctionnement des planches à billets. Oh ! Les trop beaux remèdes trop faciles qui aggravent les crises.
L'Europe économique souffre de son inexistence politique, mais elle souffrirait davantage encore de cette grande marée, avec effets boule de neige et dominos réunis, si nous en étions restés au morcellement, à la simple zone de libre-échange dont rêvent toujours les Anglais, à la non-Europe.
Ce n'est pas là consolation, mais encouragement. « A problème global, réponse globale », exhorte DSK. Puisse-t-il être entendu alors que les archéo-souverainistes qui campent à l'Elysée (et font le jeu des « néo-cons » qui y ont aussi planté leurs tentes) et qui veulent jeter le bébé inachevé avec l'eau polluée du bain... Et qui se conduisent avec un seul souci : celui de mettre sur le dos de la « crise » la responsabilité de la récession française tant annoncée et si tardivement et mal reconnue ! Défausse trop facile. Fautes impardonnables.
Heureusement, Sarkozy, en bonne « bête politique », sait se montrer pragmatique. C'est ce qui le sauve, à défaut de pouvoir sauver le pays et l'Europe d'une situation dramatique qui n'a sans doute pas encore atteint son paroxysme.
Bien sûr, il est facile de s'attaquer à la politique des taux menée non par le seul Trichet, mais par les gouverneurs de l'Euroland à l'unanimité. Mais qui peut affirmer que la BCE s'est trompée en annonçant une inflation que personne ne voulait voir venir...et qui est là ?
En l'état, la BCE a mieux géré la crise que la FED et nombre d'Américains compétents commencent à recommander l'application du « modèle européen » aux Etats-Unis... On ne rit pas, svp ! C'est la réalité.