… les “messagers de l’ombre” et la “polyphonie”.
Il ne faudrait pas oublier qu’Henri Guaino appartenait à la mouvance de Philippe Seguin, celle qui appelait à voter Non au traité de Maastricht, la mienne, celle qui s’opposait à François Mitterrand et Jacques Chirac. Rappelez-vous le face à face Seguin-Mitterrand à la Sorbonne. On ne peut pas faire un procès d’inconstance à cet homme.
Pour le président de la République, il lui sera difficile de valider entièrement les propos de son conseiller alors qu’il préside actuellement “le lobby” européen. Mais cette présidence éphémère approche déjà de sa fin et la crise perdurera plus longtemps. A l’époque de la “validation Maastritchienne”, Nicolas Sarkozy appelait à voter Oui, tout comme Coppé, Juppé, Chirac et tant d’autres. Ils ont ensemble sauvé, de justesse, un référendum Mitterrandien bien mal engagé.
Devenu patron du groupe UMP, Coppé fait connaître immédiatement son désaccord avec Guaino : «Je ne partage pas cette analyse, je pense qu’on doit être capable de prendre les bonnes mesures, tout en évitant la dérive des déficits. Je pense qu’au contraire, il faut qu’on soit capable de tenir les deux et donc de faire des économies là où on peut les faire». Chacun demeurerait ainsi à sa place et la messe serait dite. Resterait à connaître la position “commune” des socialistes sur cette question précise, le respect strict des critères de Maastricht, dans un moment de tempête économique et monétaire, pour “boucler le synoptique”. On envisage, sans peine, celle du nouveau sénateur Jean-Pierre Chevènement. Il sera sans doute plus compliqué de retrouver ses petits au milieu des différentes motions en présence pour le “sacre” de Reims. On connaît cependant celle de Benoît Hamon, candidat à la succession de François Hollande à la tête du PS; il estime que c’est une “bonne idée, et que le respect des critère de Maastricht n’est pas la priorité, en raison de la crise.” Mais l’unanimisme presque parfait de l’époque Mittérrandienne sera sans doute bien loin.
Sur le fond, pourquoi s’interdire de poser des questions, même sur Maastricht ? Il n’y a pas de “critères tabous”. N’aurait-t-on plus le droit de ne pas être d’accord avec les “meutes”? Meutes ? A voir … les difficultés actuelles vont sans doute durement ébranler les habituels “suiveurs” de la mode et du lobby.
Henri Guaino, en fait, rempli parfaitement son rôle. Il vient de lancer une petite “grenade dégoupillée” en direction de partenaires européens peu tentés par une action commune telle que la création d’un “fonds commun” par exemple, même si Paris dément proposer une telle création. On peut très sérieusement penser que ces rumeurs ou déclarations se voulant provocantes, ne sont en réalité que “préparation de terrain” : une manière de prévenir par Guaino interposé. Pour faire bonne mesure, après le “froid” … un petit coup de “chaud”, Eric Woerth à Antibes s’empresse de rassurer :“On ne peut pas faire fi des critères de Maastricht. C’est une règle, une règle commune. Cette règle, évidemment, doit être respectée … Le laisser faire, le laisser aller dans le domaine des déficits ne peut exister, c’est une certitude et c’est le ministre du Budget qui vous le dit”!
Vous avez dit cacophonie ? Mais non “polyphonie” et tactique.
[Mise à jour après le G4 à Paris :
“Pour permettre aux gouvernements d’intervenir encore, l’application des règles du Pacte de stabilité européen sera temporairement assouplie pour refléter les circonstances exceptionnelles”]
Une fois de plus ”A©tu bien pris tes comprimés”?avait raison!
éééé
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