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Chagall et la Rue des Rosiers se mêlent dans ma mémoire. C'était à Paris, en 1995. Une amie me "rendit" cette rue, si mêlée à
l'histoire de mon grand-père que je n'en avais pas aperçu les réels contours. Nous devions retrouver mon père dans le quartier du Marais. Je me souviens du déjeuner "Chez Goldenberg" avec lui, de
la beauté de cet instant et de notre échange, premier du nom, sur Chagall. Je
ne savais rien finalement de l'homme qu'il était, de ses rêves, de ses passions. J'ignorais son goût pour la peinture. Et depuis ce jour là, Chagall et moi cheminons dans ma mémoire.
Ce texte fut écrit à mon retour à Lyon.
Rue des Rosiers
Quand perdrai-je le goût du dégoût de tout
Ce qui n’est pas toi ?
Quand cesserai-je de te chercher
Dans les recoins les plus fous de ma mémoire
Qui butte et s’évade pour ne plus te murmurer ?
Quand la lumière aura-elle perdu son voile cendré
Cristal incertain, douleur maitrisée
Du Temps qui m’enchaîne à ces bribes de toi…
Plus d’abri derrière la neige qui s’échappe et
pétille
Plus d’étoiles en berne pour unir nos mains
Qui se sont égarées ailleurs
Pourquoi m’a tu abandonnée.
Rue des Rosiers
Un matin sans gloire, brume de silence
Au fond de tes yeux déjà absents ?
Pourquoi ne t’es-tu pas retourné
Pour me rattrapper ?
Shalom ! Me jeta le vieux rabbin
En me croisant.
Shalom… Tu rêves peut-être de moi
Mais tu as trouvé ton aura
Et la rue des Rosiers
Se referme sur nos souvenirs.