Ouest-France
Les juges qui doivent légaliser l'adoption réclament de meilleurs salaires. Certains parents, dont une famille de Flers, patientent depuis la fin juillet. 70 familles d'adoptants bloquées en Colombie
Les juges qui doivent légaliser l'adoption réclament de meilleurs salaires. Certains parents, dont une famille de Flers, patientent depuis la fin juillet.
Comme tous les jours depuis de longues semaines, Marie Ferré-Bauchard et son époux, Lionel Bauchard, se sont levés aujourd'hui « avec l'espoir ». L'espoir de pouvoir bientôt rentrer dans leur maison de Flers (Orne) avec leur enfant, Brayan, qu'ils sont venus adopter en Colombie le 13 août et qui, à neuf ans, dit fièrement qu'il parle déjà « bien français ».
Mais comme près de 70 couples d'adoptants de toutes origines, ils sont bloqués à Bogota par une grève imprévue. Les juges se sont engagés, le 2 septembre, dans un mouvement qui s'éternise en même temps que le séjour des familles. Il faut, aux adoptants, la signature d'un magistrat pour légaliser leurs démarches et prendre l'avion du retour.
« Tous les jours, on nous annonce une réunion entre les syndicats et le gouvernement, raconte Marie, lassée. Et le temps passe sans que rien ne se passe... » Pour le couple de Flers, le voyage avait bien débuté. Le lendemain de l'arrivée, ils faisaient enfin la connaissance de Brayan, après trois ans de démarches depuis la France. L'équivalent colombien de la DDASS leur avait délivré son accord une dizaine de jours après, et la famille était partie visiter la cité caribéenne de Cartagena, le temps que la justice règle les derniers détails.
La grève a brisé le retour en France
Tout allait bien, et Brayan, c'était promis, allait fêter son anniversaire en Normandie avec trois grandes soeurs, déjà adultes, qui l'y attendaient avec impatience. La grève a brisé les plans. Le 4 septembre, Lionel Bauchard, responsable de Techmoteurs à Flers, doit rentrer seul pour assurer la bonne marche de l'entreprise. « C'était une séparation difficile, juge son épouse, d'autant que Brayan a souffert d'abandon auparavant. » Le nouveau père a réussi à revenir, il y a dix jours, mais son enfant a finalement dû souffler ses bougies à Bogota, jeudi. « Mais non, ça devait être en France... », a-t-il protesté.
Ce samedi matin, le président colombien Alvaro Uribe reçoit les grévistes pour discuter de leurs revendications salariales, et débloquer une situation qui affecte tout le pays. Hier soir, Marie, une fois de plus, croisait les doigts.
Michel TAILLE.
Les familles bloquées ont créé un blog : http://adoptioncolombia.blogspot.com/