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Le cours du premier roman est à la déflation

Par Thibault Malfoy
Le Figaro Littéraire du 17 mai nous apprend que la rentrée littéraire 2007 connaîtra un nombre extraordinairement faible de premiers romans publiés : pas plus d'une cinquantaine, nous dit-on. Est-ce la réponse des éditeurs à la critique générale de la surproduction du milieu littéraire ?
Je ne crois pas. Car, s'il est bon de ne pas saturer le marché par une surabondance de titres, il est avant tout primordial de publier de bons livres : or ce n'est pas en limitant le nombre de premiers romans publiés à la rentrée prochaine que le niveau va a priori remonter. Pour se faire, il faudrait que l'on arrête de juger un manuscrit sur sa probable rentabilité, mais bien plutôt sur ses qualités littéraires intrinsèques, auquel cas (tout à fait utopique, mais soyons fous), certains auteurs publiés devraient se faire du souci pour leur dernier rejeton. Entendons-nous bien : les éditeurs doivent rentrer dans leurs frais, c'est bien normal. Mieux, c'est indispensable. A priori, je n'ai rien contre la publication d'auteurs dits "rentables", mais encore faut-il que la manne qui en est dégagée permette la survie d'une littérature un peu plus exigeante, moins commerciale. Dans les faits, c'est loin d'être le cas. Actuellement, l'édition est quelque peu frileuse, et cela même pour les éditeurs indépendants qui n'ont tout simplement pas les moyens de prendre des risques.
Dès lors, si l'on juge la diminution du nombre de premiers romans à l'aune de cette réalité, il est bien évident que le but d'une telle manoeuvre est de recentrer l'offre sur les valeurs sûres, qui ont déjà acquis leur public, plutôt que de partir à l'aventure éditoriale, il est vrai risquée. D'autant plus que les lecteurs se font de plus en plus rares et de moins en moins curieux, autre réalité, encore plus déplorable.
Autre explication possible (et qui n'exclut pas la précédente) : les éditeurs ont enfin compris que publier trop d'auteurs est préjudiciable à la visibilité de leur catalogue, et qu'il est préférable de se concentrer sur quelques uns pour mieux les suivre et les accompagner dans la promotion de leur livre. Ainsi, un nouvel auteur pourra trouver plus facilement un public, et son éditeur aura gagné le pari à la base de toute publication (dont le succès est toujours hasardeux).
Enfin, il est peut-être pertinent de rappeler que 99% des manuscrits reçus par un éditeur sont refusés, une constante dans le milieu. Alors, moins de premiers romans car moins de manuscrits intéressants (commercialement ou artistiquement) ? C'est possible, même si j'en doute : rien ne permet de croire que le nombre de manuscrits intéressants évolue dans le temps, même si celui de mauvais manuscrits augmente sans doute (de même que tout le monde croit pouvoir s'improviser critique littéraire, tout le monde de nos jours se proclame apprenti-écrivain, soit environ 4 millions de français).
J'aimerais terminer ce billet sur une note optimiste, comme Anne-Sophie sur son blog La Lettrine (très intéressant au demeurant : je vous recommande la lecture de son billet "André Schiffrin - ou la défense des petites maisons d'édition", tout à fait dans le sujet), mais rien ne m'incite à l'être...

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