Mercredi dernier, à la suite d’une réunion à l’Elysée en présence de Nicolas Sarkozy, François Fillon, Christine Lagarde, Christine Boutin et Eric Woerth a été décidé un mesure tout à fait originale de soutien au secteur du logement : l’Etat allait racheter plus de 30 000 logements invendus par les promoteurs pour soutenir le secteur de la construction.
Une déresponsabilisation du système
Cette mesure est la conséquence de l’affaissement du marché immobilier neuf : les promoteurs-constructeurs, qui ont vendu pendant des années des produits n’importe où et n’importe comment, grâce notamment à l’amortissement Robien, se retrouvent aujourd’hui face à une réalité économique compliquée et se retrouvent avec des stocks invendus sur les bras.
L’Etat ne trouve rien de mieux à faire, au lieu de les laisser se débrouiller avec leur inconséquence, que de garantir le rachat de ces stocks, déresponsabilisant ainsi un acteur pourtant important du secteur, les promoteurs. Ces derniers ont beau jeu de dire qu’est c’est un soutien à l’ensemble du secteur, à l’activité et à l’emploi, c’est d’abord eux-mêmes qui peuvent souffler : malgré des années de course effrénée à la rentabilité, ceux qui ont vendu des logements défiscalisés inlouables par les acquéreurs, se retrouvent aujourd’hui miraculeusement sauvés par la Caisse des Dépôts et Consignations et le monde HLM. Christine Boutin qui annoncait mercredi dernier qu’il n’y aurait pas d’argent de l’Etat, vient nous dire samedi que finalement, il y aura quand même une subvention de 1,5 milliards d’euros ! Et tout ceci, sans compter la part d’argent public dans la CDC et les bailleurs sociaux !
Des promoteurs qui osent demander plus
Le plus difficile à avaler dans cette annonce, c’est le discours des promoteurs eux-mêmes (FPC). Plutôt que de la jouer profil bas, au contraire ils essayent de pousser leur avantage ! Ainsi leur patron, Jean-François Gabilla, n’hésite-t-il pas à dire que “Ce n’est pas une mesure en faveur des promoteurs, mais une vraie mesure de soutien à l’emploi et la construction de logements qui permet d’éviter que la crise continue de s’aggraver“. Ben voyons… Et d’enchaîner, avec un culot monstre que « Acheter ces logements à un prix décoté, comme le prévoit l’Elysée, ne veut pas dire vente à perte. Car sinon le promoteur ne vendra pas ses logements » il oublie de dire, et ne feront pas leurs marges !
La seule bonne nouvelle dans cette histoire c’est que les opérateurs HLM vont pouvoir racheter ces programmes ; espérons qu’ils sauront être de fins négociateurs et les racheter à très bon prix, avec une véritable décote qui correspondra, au moins, à la margé que le promoteur se fait dessus !
Les promoteurs ont axé leur stratégie économique sur le seul profit immédiat à vendre des amortissements fiscaux ; ils ont joué, ils ont perdu, mais ils sont sauvés par l’Etat. Voilà la morale de l’histoire ; allez raconter ça à une petite entreprise ou à un jeune entrepreneur qui se bat tous les jours dans la conjoncture actuelle, il appréciera…
François