Le chemin parcouru, Ishmael Beah

Publié le 04 octobre 2008 par Antigone

C'est son histoire qu'Ishmael Beah raconte dans ce livre, l'histoire d'un enfant de douze ans qui part dans une ville voisine pour participer à un spectacle de jeunes talents, et qui se fait rattraper brutalement par la guerre. Il ne reverra jamais ses parents.
Nous sommes en Sierra Leone, en 1993, des groupes rebelles ont saccagés des villages, obligeant leurs habitants à fuir. Les familles sont séparées, massacrées, des bandes de jeunes gens errent de village en village, la peur et la faim au ventre. Capturés par l'armée gouvernementale ou par les troupes rebelles, enrôlés, ils deviendront des instruments de guerre, des machines à tuer...

Ce livre est un témoignage. Etrangement, je redoutais de le lire, j'imaginais trop bien ce que j'allais y trouver, sans doute. Effectivement, les horreurs de la guerre sont là, le sang, la violence, et puis l'enrôlement de ces enfants, l'abrutissement. Ishmael Beah raconte et énumère les faits avec un détachement compréhensible, attentif à n'omettre aucun détail, cela m'a pourtant empêchée au départ de m'attacher au récit, d'y accrocher mon émotion. Et puis, lorsque les évènements se sont apaisés en fin d'ouvrage, que l'enfant soldat est pris en charge par l'Unicef, rééduqué, j'ai senti affleurer quelque chose au fond de moi qui ressemblait à de l'horreur et à du soulagement. J'ai refermé ce livre, très mitigée quant à sa qualité littéraire, mais certaine de ne pas oublier son contenu.

Un extrait...
"Nous devions marcher depuis des jours, je ne me souviens pas vraiment, quand deux hommes ont soudain surgi devant nous et nous ont fait signe, du canon de leur arme, de nous approcher. Nous sommes passés entre deux rangées de soldats portant des mitraillettes, des AK-47, des G3 et des lance-roquettes. Ils avaient le visage noirci comme s'il avaient pris un bain de charbon de bois, et nous fixaient de leurs yeux rouges. Au bout de la double haie, quatre hommes gisaient sur le sol, l'uniforme trempé de sang. L'un d'eux, étendu sur le dos, les yeux grands ouverts et fixes, déversait ses entrailles par terre. J'ai détourné la tête et mon regard est tombé sur le crâne fracassé d'un autre homme. Il respirait encore et un endroit de son cerveau palpitait. J'avais envie de vomir, tout tournait autour de moi. L'un des soldats, qui mastiquait quelque chose, m'a regardé et a souri. Il a bu une gorgée à sa gourde et m'a jeté le reste de l'eau à la figure.
- Tu t'y feras, tout le monde finit par s'habituer."

Note de lecture : 3/5

Un livre lu dans le cadre du grand prix des lectrices de 2009
Catégorie Document

ISBN 978-2-258-07447-7 - 18.70€ - 01/2008

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Au terme de cette sélection, celle du jury de septembre, mon palmarès reste inchangé. Vous le trouverez de nouveau ici.