Nous avions rendez-vous dans un château/hôtel parisien et nous nous sommes retrouvés entre une ambiance bien cosy française (avec des portraits de personnages importants, des moulures, un immense escalier simple se scindant en deux en montant, des statues) et le Japon.
Les photos de Mr Xavier NEGIAR nous ont tout de suite amenés à côté des plantations. Des photos de théiers bien sûr mais aussi beaucoup sur la technique de couvrage de certains thés verts. D’un côté, une sorte de canevas, comme un tissu dentelé, ouvragé et aux mailles espacées, de l’autre, un grillage et ses ballots de paille attendant les prochains jours pour être disposés sur les théiers, puis un laçage de paille au fil blanc d’une vieille femme planteuse, qui, au fur et à mesure de la saison avant la récolte, étend ses « broderies », de plus en plus serrées.
Et puis ces jikatabi …pas de visage et pourtant la passion de ce breuvage apparaissait déjà.
Trois tables nous attendaient aussi pour des dégustations de thés verts japonais. Nous avons pu nous mettre les papilles en éveil avec un hojicha grillé à la main juste avant notre arrivée dans une casserole incurvée de chaque côté et une excellente pâte d’amande au matcha faite par un maître confiseur, avec nous lors de cette séance.
Le mieux fut cependant cette rencontre avec les producteurs japonais. Un couple de passionnés, le mari est un instructeur de thé (un maître de thé ?) très connu au Japon. Ce titre très élogieux n’a pas empêché notre « hôte » d’honneur de se révéler extrêmement généreux en explications, en temps et en sourire/attention. Dans son service de sincha, précautionneux, généreux et avenant. A boire les trois infusions, je crois bien que je n’arriverais pas à ce résultat à la maison… ils avaient la bouilloire de Benead et les doses, l’infusion a été très rapide. Un vrai moment de plaisir et quelle délicate inspiration que son écusson … un plateau de thé, une tasse et la théière en action, à transmettre la dernière goute si importante du breuvage, un 8, l’infini, l’éternité mais aussi l’expansion et le partage.
J’ai été très étonnée aussi par le thé (le produit sec), j’ai l’habitude, avec les oolongs que je bois, d’avoir des feuilles entières, là ce sont de toutes petites « aiguilles »… impressionnant. Et encore plus par ce matcha, pas du tout amer, même si nous avons eu le droit au sucre pour adoucir l’amertume : un higashi, soit un wagashi fait à base de sucre et de farine… une vue des cimes de montagne jusqu’aux fleurs et aux vagues…comme du sucre glace très parfumé, j’imagine qu’il se rapproche d’un suiko de chez Toraya.
Nous avons pu apprécier ce matcha avec bonheur, pas amer car ses feuilles étaient dénervées, broyées puis moulues au dernier moment. Un matcha fouetté et non tourné (le fouet en bambou, chasen, agite latéralement, d’avant en arrière, sans rotation !), mousseux à souhait. La préparation était elle-même illustrée par les dessins du producteur.
En rétro olfaction une impression de cerisier, sakura… va falloir que je me l’achète, c’est pour la semaine prochaine, sûr. Je rêve ainsi d’un Haku-yu, d’un Chasen et d’un Chashaku… et puis d'un passage non éclair chez Chajin biensûr!
Loula a eu la chance d’aller aux dégustations aussi… merci infiniment Francine. Et puis je viens de savoir que la pâtisserie japonaise place de la Madeleine a fermé. Quel dommage ! Il nous reste Toraya, la plus vieille de la capitale. Et enfin, Mr NEGIAR prépare un livre, je suis prête !