La caméra filme la cour du collège, les salles de classe, les couloirs, les escaliers, les cases dans la cour de récréation, les élèves qu’il faut aller chercher et monter jusqu’au lieu du sanctuaire abîmé, l’espace iconoclaste de la salle où tournoie, Don Quichotte un peu navré, un prof qui rompt comme il le peut, des lances ébréchées…
La langue est dans l’arène. C’est elle le bouclier du gladiateur. Elle est à chaque instant mise à l’épreuve de la morsure et du coup de vergue. « Prends l’éloquence et tords lui son cou ! » aurait dit Verlaine ! « Prend la quencelo et couluisontor ! »… Petites gueules pointues des élèves qui ne se retrouvent pas dans « les mots de bourge » et qui préfèrent l’affrontement direct avec ces adultes qui manient « la langue du Moyen Age » : « même ma grand-mère, elle parle pas comme ça ! ».
Ils
n’ont pas les mots, mais ils ont les mimiques, l’insulte et l’assentiment du groupe. Et ils donnent des coups de couteau dans les tendons du vocabulaire et de la syntaxe. Ils ont aussi de fins
rictus, les filles font des mines… Car, et là est toute la différence, ces élèves-là savent que la caméra tourne autour d’une scène qu’ils ne peuvent
que renifler… J’y reviens demain.
Cliff in Wick
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