La scène algérienne ne saignait pas encore quand, à dix ans, je passais devant le Théâtre municipal d'Alger pour aller au Grand Lycée, à Bab-el-Oued. Sur sa façade, je pouvais lire une plaque commémorative : "A la mémoire du poète Regnard qui fut esclave à Alger de 1678 à 1681". Plus tard, une seconde plaque fut apposée : "A la mémoire de Miguel Cervantès Saavedra, captif à Alger de 1575 à 1580". Cela était instructif, y compris la mue de l'esclavage en simple captivité. Cela était presque en quelque sorte exemplaire : sur les murs d'opéra, le théâtre justifiait l'histoire.
Mais il y avait mieux. A peine laissés derrière lui le théâtre, Regnard, Cervantès, les bananiers du refuge, les ficus du…