Prochainement : critique Desperate Housewives 502
Un film qui bouge bien. Plein d'effets spéciaux réussis, un scénario tiré par les cheveux, souvent efficace, un peu long, original, répétitif vers la fin. Voilà comment on pourrait décrire Eagle Eye, rebaptisé l'Oeil du mal en vf alors qu'il n'y a aucun rapport. Ca faisait depuis longtemps que je voulais voir ce film, j'avais adoré Disturbia, aussi réalisé par DJ Caruso et avec Shia Labeouf dans le rôle principal. Dès le départ on sent la marque du réalisateur et ça fait plaisir même si globalement Eagle Eye m'a un peu déçu, devenant trop redondant vers la fin et manquant de crédibilité dans sa volonté de mélanger les styles narratifs.
L'histoire tourne autour de Jerry Shaw (Shia Labeouf) qui apprend que son frère jumeau est décédé mystérieusement. Après sa mort, Jerry découvre avec une femme étrangère (Michelle Monaghan) qu'ils sont pris pour des terroristes et ils sont isolés dans une cellule spéciale qui compte mettre en oeuvre un assassinat politique. Le point fort principal qu'a Eagle Eye en comparaison à Disturbia c'est qu'il est beaucoup plus complexe et travaillé. Le pitch de Disturbia tient en deux lignes alors que Eagle Eye a beaucoup plus d'épaisseur. Le réalisateur DJ Caruso a évolué, ça se sent dès le départ avec le choix du thème, le mélange entre politique et relations humaines. Maintenant, c'est à la fois un point fort et un point négatif.
Ce qui m'a gêné dans ce film c'est qu'il manque de crédibilité. Pas forcément dans le scénario qui est ultra tiré par les cheveux. À la limite ça me gêne pas, mais c'est dans la volonté de donner dans la profondeur aux personnages. Comme je l'ai dit en intro, on sent directement la marque du réalisateur, c'était la même chose dans Disturbia mais dans ce film, c'était beaucoup plus crédible, malgré le côté over the top du scénario. Là au milieu du film, on se dit qu'il y a quelque chose qui ne joue pas : l'amitié entre Jerry et Rachel n'est pas très attachante, ça gêne dans un film basé sur l'action. C'est comme si on ne comprend pas ce que veut privilégier le réalisateur : l'action ou les personnages. De ce point de vue là, l'approche du film est assez confuse et le mélange des codes narratifs est maladroit.
Pourtant les débuts des films de DJ Caruso sont toujours excellents : plusieurs scènes d'introduction où on voit les personnages dans un contexte habituel, poser le drame (en l'occurence la mort d'Ethan) et lancer l'action. C'est un procédé ingénieux qui donne à la fois de la profondeur aux personnages et au film. Et dans une introduction calme et sobre, ça reste crédible. En plein milieu des scènes d'actions excessives dont seuls les américains en ont le secret, beaucoup moins.
Un des points faibles du film c'est qu'il est répétitif. Là où on se prend au système dès le départ et qu'on est littéralement bluffé par la bonne réalisation et l'enchaînement des scènes, la fin du film est longue. L'idée de la course poursuite avec l'ordinateur qui donne les instructions à Jerry est excellente. C'est très rythmé, on se prend au jeu et on est surpris. Le site officiel offre même de jouer à un jeu dans cette veine-là. Mais dès que la révélation sur le projet Eagle Eye se fait, l'adrénaline redescent. Une des qualités du film dans sa première partie, c'est qu'on ne savait pas qui était cette voix qui envoyait les instructions aux deux personnages principaux. Dès qu'on le sait, la surprise s'éteint et le film devient plus prévisible et moins mystérieux.
On peut noter aussi le dénouement un peu précipité et qui n'amène aucune surprise.
Derrière ses airs de blockbuster rythmé et bien fichu, le film traite de thèmes actuels. Déjà, tout comme Disturbia dans un contexte différent, la technologie est le point central du film. Chaque geste, chaque étape de la vie du personnage principal a été suivi tout comme chaque conversation téléphonique. C'est un film aussi très basé sur la politique, qui aborde le thème du terrorisme. En débouche la question principale du film : "Connais-je assez les membres de ma famille ?" Une question mentionnée mais amenée assez maladroitement car on n'a pas vraiment l'occasion de voir des séquences importantes du passé de Ethan Shaw, le jumeau de Jerry. C'est dommage puisque l'idée était bonne.
Bref, Eagle Eye prouve que le duo DJ Caruso / Shia Labeouf fonctionne bien. Si le film plaira sûrement aux adeptes du genre politique, ce film m'a assez déçu. L'avantage qu'il a en comparaison à Disturbia c'est qu'il est beaucoup plus développé et adulte, il en reste néanmoins quelques défauts comme le scénario qui en met plein la vue au départ pour finalement devenir répétitif et prévisible.