Un “proverbe socialiste” dit qu’il faut vivre au moins trois congrès « Le premier on regarde sans rien comprendre, le deuxième on commence à comprendre, le troisième on peut commencer à être acteur soi même ».
Alors que le congrès socialiste “monte en puissance”, le premier vote aura lieu dans un mois (le 6 novembre) et le second dans 1 mois et demi (20 novembre) j’essayerai ici dans les semaines qui viennent de partager ce que j’ai compris des 4 congrès du PS que j’ai connus, même si, on y reviendra celui est bien plus complexe que les 4 précédents. Rien n’est fait aujourd’hui fait pour qu’un adhérent, surtout nouveau, ait la moindre chance de comprendre ce qui va se passer. J’essayerai ici de donner des clefs -dans la mesure de ce que j’ai compris moi même - pour déchiffrer ce qui va se passer dans les « section », dans les « fédération » et au « national » en décryptant un peu l’écume médiatique.
Chacun a déjà entendu les expressions « congrès du Parti Socialiste », « congrès socialiste » ou « les socialistes tiennent leur congrès ». Pourtant rares sont ceux qui peuvent réellement expliquer en quoi il consiste, quelles sont ses étapes, quels sont les droits et les devoirs des militants socialistes, comment vont émerger un leader national et des milliers de responsables locaux.
Si l’on demande a un citoyen, même informé, quand se déroulera le prochain congrès du Parti Socialiste il a toute chance de vous répondre qu’il se tiendra à Reims du 15 au 17 novembre. Tout faux. Il a en fait commencé le 15 juin à Paris et se terminera le 22 novembre au même endroit. Pour prendre une image sportive, un congrès socialiste ce n’est pas un cent mètres qui se court à Reims, c’est un marathon qui se court dans toute la France et dont Reims n’est que le tour d’honneur.
On peut comprendre les malentendus. Un congrès socialiste est une machine d’une incroyable complexité. Il suffit d’évoquer la clef de voûte du dispositif, le « vote sur les motions », extraordinaire invention ou on glisse un seul bulletin de vote dans l’urne, mais un bulletin qui est compté trois fois. C’est un chef d’œuvre d’imagination politique : imaginez que vous élisiez votre Conseil Municipal, votre Conseil Général et l’Assemblée Nationale avec un seul bulletin de vote !
Revenir aux « fondamentaux » pour comprendre et pour agir, dans un congrès ou les rituelsseront sans doute bousculés, sera indispensable. Le congrès “de Reims” semble en effet s’annoncer très différent des précédents.
Certes le processus formel, d’une incroyable complexité pour ceux qui le découvrent, ne sera pas modifié: phase des “contributions”, puis phase des “motions”, vote sur les motions, réunions fédérales puis réunion nationale - ce que les médias appellent improprement congrès - et enfin, l’élection des premiers secrétaires au vote direct des militants.
Pour autant deux éléments devraient contribuer à faire de ce congrès un évènement totalement différent des précédents.
Tout d’abord la disparition ou, à tout le moins, l’effacement des “courants traditionnels” qui structuraient plus ou moins le parti depuis sa création en 1971.
Jusque là on voyait toujours perdurer telles des formes invariantes les courants mitterrandien, partagés en fabiusiens et jospinistes, rocardien, essentiellement recyclé en strauss-kahnien, ainsi qu’un ensemble de courants “de gauche”, CERES puis Gauche Socialiste entre autres. De temps en temps apparaissait certes un nouveau courant - le NPS de Arnaud Montebourg est le plus récent - mais l’ensemble avait une forme de stabilité. La plupart des militants pouvaient dire de quel courant ils soutenaient ou a minima de quel courant dépendait leur fédération.
Aujourd’hui on en est loin. L’affaiblissement des lignes de partage traditionnel lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen, la « synthèse générale” du Mans, la bataille interne lors de la désignation du candidat aux présidentielles et le très fort renouvellement militant de ces deux dernières années ont fait voler en éclat ce schéma traditionnel.
Beaucoup de militants seraient incapables de se situer dans un courant, et il en va de même pour beaucoup de sections et de fédérations. L’apparition de mouvements comme les « reconstructeurs » qui associent des responsables de courant aux antipodes idéologiques - sur le papier - en est un signe.
L’autre mouvement, peu analysé, est l’énorme évolution que produit progressivement au PS la désignation des premiers secrétaires – de section, de fédération et le Premier secrétaire National - au vote direct des adhérents et non comme précédemment en fonction des voix obtenues par les motions.
Cette modification introduite depuis 1997 correspond en fait au passage du PS de la IVe à la Ve République, d’un système parlementaire à un système présidentiel. Introduit pour les mêmes raisons que l’évolution de la Constitution - donner de la stabilité - il n’a encore produit que peu d’effets. Mais ce congrès devrait marquer l’avènement des hommes - et des femmes - sur les courants à tous les niveaux du Parti.
A suivre
David