On nous parle d’affecter les excédents de certains outils de placements tel le LDD, livret pour le développement durable, à d’autres fins que celles pour lesquelles ils ont été conçus. Peut-être nos gouvernants veulent ainsi désigner les sommes qui n’ont pas été utilisées pour accorder des prêts. Mais, si de tels fonds demeuraient sans travailler au delà de quelques jours, je ne comprends pas comment les banques pourraient rémunérer les comptes. Si cet argent existe, pourquoi ne pas l’avoir désigné pour ce qu’il est, de l’agent inutilisé. Je pense plutôt que, jouant comme à leur habitude avec les mots, Woerth et consorts veulent nous faire croire que ces excédents seraient en quelque sorte des surplus, des fonds supplémentaires, alors qu’il s’agit tout simplement de ceux qui garnissent ces livrets.
Ces livrets accueillent une épargne qui demeure ainsi liquide. Lorsqu’un ménage est parvenu à ne pas dépenser la totalité de son revenu mensuel, chacun de ses membres assujettis à l’IRPP peut déposer l’argent économisé sur son LDD. Il a d’ailleurs éventuellement choisi de l’alimenter automatiquement lorsque le solde de son compte courant sera supérieur à un certain montant. Inversement, lorsqu’il doit faire face à une dépense plus importante, il arrive que le titulaire retire de l’argent de son LDD.
A un niveau global, on compare au cours d’une période donnée le cumul des dépôts à celui des retraits. Une baisse du pouvoir d’achat peut conduire à des retraits supérieurs aux dépôts. D’autres circonstances, telle une progression du chômage, incitent les ménages à des économies de précaution et peuvent générer un excédent des dépôts sur les retraits. Ce sont ces excédents qui permettent à ces livrets de financer des prêts et il n’est pas concevable de les employer à d’autres buts que ceux pour lesquels ils ont été créés, favoriser le développement industriel au temps des CODEVI, subrepticement devenus depuis les LDD, destinés à soutenir le développement durable.
Avez-vous remarqué la désinvolture avec laquelle ce changement d’intitulé et de destination a été réalisé, sans qu’à ma connaissance il ait été proposé aux titulaires un avenant au contrat initial ? Plus grave encore, alors que des transactions bancaires peuvent être conclues en l’espace de quelques secondes, les intérêts sur ces livrets ne sont comptabilisés qu’à la quinzaine. Si une telle pratique était admissible lorsque les calculs correspondants étaient réalisés manuellement, les moyens informatiques la rendent scandaleuse de nos jours. On peut estimer que, pour chaque opération, un déposant est en moyenne dépouillé d’une semaine d’intérêts. Et cette réglementation, qui bénéficie aux banques, est établie par l’État, lequel concurrence ainsi Arsène Lupin, sans, comme le dit la chanson, être un gentleman.