Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, a été reçu samedi par Nicolas Sarkozy. DSK est resté très prudent : pas un mot de trop, pas un mot de fonds. Le même jour, le président français recevait ses voisins européens pour un mini-sommet consacré à la crise financière internationale.
DSK et la langue de bois
La seule annonce concrète du directeur général du FMI lors de sa visite à l'Elysée a été d'appeler les pays européens à se "coordonner." Le FMI présentera prochaine ses prévisions, en baisse, de la croissance mondiale. Et DSK a avoué que son institution avait sous-estimé l'ampleur des pertes banquaires (1 000 milliards de dollars ?).
Il faut qu'il soit indiqué aux marchés" que les pays européens ne vont pas agir "chacun pour soi", a estimé M. Strauss-Kahn dans une déclaration à la presse après une heure d'entretien avec M. Sarkozy au palais de l'Elysée. Interrogé sur l'éventualité de voir les pays européens parvenir à s'unir, il a répondu: "Je crois qu'ils en sont capables" (source).L'impuissance européenne
Sarkozy a réuni à Paris les présidents de la Commission européenne José Manuel Barroso, de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker et de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, ainsi que Angela Merkel, Silvio Berlusconi, et Gordon Brown. La semaine écoulée était celle de tous les cafouillages, avec notamment l'embardée solitaire de l'Irlande. Alors que les autorités françaises annonçaient un plan de 22 milliards d'euros en faveur des PME, le premier ministre britannique a proposé 48 heures plus tard l'idée d'un fonds européen de 15 milliards d'euros pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises européennes "afin que les petites entreprises de notre pays et du reste de l'Europe puissent obtenir de l'argent immédiatement pour qu'elles continuent à employer du personnel et qu'elles continuent à fournir des services". Qui a parlé de coordination ?
Samedi à Paris, donc, les chefs d'Etat ont tenté de limiter la casse. Première annonce, ils s'engagent à soutenir les banques européennes en péril, sans préciser le montant d'une éventuelle garantie. Les interventions éventuelles seront donc ponctuelles. Seconde annonce, ils appellent à un sommet international pour redéfinir les règles de la finance internationale. Troisième point, ils se sont engagés à punir les responsables de faillites "en cas de soutien public à une banque en difficulté".
Cette unité (de façade ?) est fragile. Lors de cette conférence de presse, on pouvait sentir les divergences évidentes : ainsi Sarkozy soutient que "l'application du pacte de stabilité et de croissance devrait refléter les circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous nous trouvons". Mais le Premier ministre luxembourgeois et président de l'eurogroupe Jean-Claude Juncker ne l'entend pas de cette oreille et lui rétorque, en public, que le Pacte de stabilité devait être respecté par les Etats membres.De surcroît , Sarkozy a souhaité obtenir une plus grande tolérance de la Commission européenne pour leurs aides d'État.
Une banque allemande en survie
Merkel a prévenu qu'il ne fallait pas créer, comme l'Irlande, des conditions de concurrence déloyale par ce type d'intervention: "Nous avons déjà demandé à la Commission européenne et à la Banque centrale européenne de chercher à discuter avec l'Irlande. Il est important d'agir de manière équilibrée, et de ne pas se pas se causer de dommages entre pays, il faut des démarches qui respectent la concurrence." La chancelière n'a pas eu le temps de murir son discours: la banque allemande Hypo Real Estate luttait pour sa survie ce week-end: le plan de sauvetage de 35 milliards d'euros n'a pas suffi...
Angela Merkel a dû promettre, comme ses voisins irlandais, français et italiens, que l'Etat fédéral garantirait tous les dépôts des épargnants, et sans limite. Ironie du sort, les difficultés de cette banque semblent être nées de sa filiale ... irlandaise.
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