Alors je me fais visionnaire de ma propre conscience. Ramenez-vous fantômes, je verrai ainsi d'autres gens, mes angoisses personnifiées comme des épouvantails dans un champ de réverbères. C'est volontairement que j'exacerbe mes sentiments, jusqu'à ressentir cette pelote de rage entre les deux poumons. Dans cet état, je ne suis plus que sensations pures, et aucune raison ne peut se faire entendre. Il faut parfois rajouter du charbon à cela, et voir jusqu'où mèneront les chantiers des impuretés poussées à leur paroxysme. Garder cela en ébullition jusqu'à ce que la langue se torde de plaisir constitue un fait des plus satisfaisants.
Il y a encore plus de raisons de rire. Les sentiments primaires sont identiques dans chaque vaisseau-corporel. C'est ça l'ironie du sort. L'on m'a dit"N'accepte pas cela.", et j'ai répondu à moi-même "Avec plaisir". On souhaiterait mettre sous scellés ce qui nous fait transpirer, ce qui paralyse.
Le comble de l'ironie est que je suis moi-même l'instigateur de ce qui m'empêche de dormir la nuit. Alors j'avale d'autres Efferalgans. Peut-être qu'il faudrait crier, hurler de vivre, sans échapper à ce qui vous poursuit. J'écoute les murs qui me parlent, dans ce moment pré-sommeil où je préférerai m'étouffer dans l'oreiller, ne plus avoir à attendre l'aube et les heures de sommeil qui s'échappent alors que chaque minute s'envole en un éclair, une sensation volubile, d'acier trempé qui me refile du carburant. La création doit se tenir dans le creux de la main. Je me coule moi-même dans la page, que j'envisage à présent comme mon propre réservoir, faisant partie intégrante des doigts qui tremblent.
Je suis silence et auto-flagellation. Dans la nuit je me terre, m'enferme entre mes draps. J'ai peur, et la codéine ne fait qu'accentuer ces sensations. Il me faut cette sensation de danger immédiat. Être aveugle au bord du lit et se croire au-dessus d'un précipice. Faire le plein à l'avant-dernière borne automatique.