Copyright © Apprendrelabourse.org - La crise financière est maintenant partout dans les journaux à la TV et a mobilisé une grande partie de la population cette semaine qui d'ordinaire ne s'intéresse presque pas voire pas du tout à la chose économique et encore moins à la finance et à la bourse. Les questions traitées portent sur la sécurité des dépôts, les chances de vote du plan Paulson, depuis hier on est passé aux chances de réussite de ce plan maintenant qu'il a été adopté. On cherche à trouver des coupables par ici, je réponds à quelques mails sur vos inquiétudes par là, tombe ensuite sur un point presse qui fait état de la zizanie entre européens sur les démarches à suivre mais très rarement ou vraiment seulement de manière très ciblée, ne viennent les questions de fond d'autant que cela est pris mentalement et psychologiquement dans l'urgence. Et là le sujet dérape assez souvent dans l'irrationnel : 'moi ça me fait vraiment peur' ou bien 'tu crois pas qu'on joue un peu à se faire peur', chez certains tout ce battage est calculé, j'en passe... Vous vous posez sans doute les mêmes questions que moi : est-ce que cela va finir comme en 1929, comment en est-on arrivé là et jusqu'où peut-on monter comme cela ?
C'est l'occasion de continuer cette nouvelle rubrique 'Un évènement, un graphe'. Je vais vous présenter 2 éléments qui seront de toute façon actifs que l'orage se calme ou se déchaîne encore plus dans les semaines à venir. Ils sont à l'oeuvre depuis des lustres et posent de sérieuses questions sur les remèdes actuels qui sont évoqués.
Petit rappel pour commencer: voici ci-dessous tout d'abord, le tableau de l'endettement total américain comparé à la production de richesses de cette économie majeure au cours de l'histoire comme détaillé dans le dernier édito Endettement US : remboursement ou fuite en avant ?Gloups...
En lissant la progression depuis la guerre, on découvre ci-dessous une parabole (en noir) et une économie basée sur l'accroissement de la dette de manière exponentielle qui se heurte dorénavant pratiquement à un mur. Les dépassements des plus hauts ont été rendus possibles grâce aux quelques éléments repris en rouge qui sont parfaitement connus de tous maintenant.
Dire que l'économie est basée sur la dette n'est qu'un constat en relation avec le descriptif du 2nd graphe, mais rien ne permet d'en faire un fondement a priori sans quelques preuves et illustrations.
1966: 1 $ de dette en + = 0,80 $ de PIB en +
L'efficacité de la thérapie était au rendez vous, ou plus positivement, si un nouvel emprunt était l'expression de la confiance des acteurs économiques dans un projet quelconque, sa mise en oeuvre engendrait un fruit plutôt bien corpulent pour l'économie assez rapidement.
Plus on injecte plus la machine fonctionne, plus les agents économiques réalisent des projets et l'économie croît dans un retour sur investissement à percevoir ultérieurement, etc... Si la machine cale, on baisse les taux, on permet donc à plus d'entités de pouvoir s'endetter facilement et la dette permet de pallier temporairement aux hoquets conjoncturels en leur permettant de réaliser plus facilement leur projet. Tout ceci n'a que du bon, sauf que comme vous pouvez le constater sur la 3 ème illustration, plus on a injecté de dettes plus celles-ci sont allées se loger dans des endroits qui n'avaient plus rien à voir avec la production de biens et services réels, ou si c'est le cas, ceux qui étaient créés n'avaient pas d'influences très positives sur le PIB. 1 $ de dettes en 2007 on engendré moins de 0,20 $ de PIB en plus. L'efficacité s'est dissipée... les fruits économiques sont devenus très menus et les dettes colossales.
2007 : 1 $ de dette en + = 0,18 $ de PIB en +
Pourtant, la dette représente largement une facilité financière qui permet la réalisation de la croissance en tant que projection positive des ménages, des entreprises et de l'état dans le futur tout autant qu'elle est apparue ces dernières décennies comme un élément pour relancer la machine économique soit en faisant des emprunts ou en baissant les taux pour en accroître le volume et permettre à l'économie de repartir.
En 1966, 1 $ d'endettement supplémentaire injecté dans l'économie réelle produisait un peu plus de 0,80 $ de production de richesse en plus.
Se pose donc la question de savoir où part cette dette ? Réponse : de plus en plus dans les actifs essentiellement financiers avec, en point d'orgue, l'immobilier depuis 2001 suite à des baisses de taux tout à fait historiques pour faire repartir la machine suite à la précédente récession. D'aucun parle d'une économie de 'bulles' de plus en plus fréquentes et qui éclatent de plus en plus fréquemment et de plus en plus violemment impliquant des populations de plus en plus larges.
Est-ce que le traitement du Plan Paulson qui consiste à endetter les USA encore plus en rajoutant de la dette à de la dette résout le souci ou ne fait-il que le déplacer de la sphère privée à la sphère publique en gagnant du temps ? Les baisses de taux peuvent elles être attendues comme potentiellement efficaces pour notre économie ?
On est quelque part au bout de cette très grande dynamique historique économique et financière collective faite d'endettement sans fin devenu presque totalement inefficace.