En hommage à sa mère ou pour se libérer d’un souvenir trop lourd, Marguerite Duras écrit “Un barrage contre le Pacifique” .(1950)
Déjà le style est économe. Pas d’effets. D’emblée, l’incipit fait entrer le lecteur dans le vif du sujet. Un démonstratif. “Ce” cheval. Le cheval que justement vous voyez, là, devant vous ou dont nous aurions récemment parlé: “Il leur avait semblé à tous les trois que c’était une bonne idée d’acheter ce cheval.”
Comme si nous avions déjà partagé l’univers des protagonistes.
Dans cet ouvrage, Marguerite (Suzanne, dans le livre) et son frère, assistent, impuissants, à la lutte démesurée de leur mère contre les marées de l’Océan Pacifique venant détruire les récoltes sur les terres que l’administration coloniale d’Indochine lui a vendues. Des terres incultivables.
Q’importe. La mère décide de vaincre les marées inexorables du Pacifique. Ainsi construit-elle des barrages dérisoires, qu’inexorablement les marées détruisent.
Mère courage, mère folle? Marguerite Donnadieu qui deviendra Duras (nom du village du où se trouve la maison paternelle), entre soumission et révolte, raconte cette tentative insensée. A n’en pas douter, plus lourde encore à porter que le rocher de Sisyphe .
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