Comme le souligne l’article de «20 minutes» Qui a dit «J’ai pour les banquiers une considération proche de zéro» ? Jean-Claude Juncker, premier ministre d’une des plus éminentes place financière européenne, à savoir le Luxembourg, ainsi que président de «l’Europgroupe» (qui réunit les ministres des Finances de la zone euro) n’est nullement un novice en la matière !….
Cette réjouissante «sortie» témoigne de son irritation à l’égard des milieux financiers et de leur attitude depuis le début de la crise : «Voilà que ceux-là mêmes qui voulaient émasculer les pouvoirs publics sont les premiers à s’adresser à eux pour répondre à l’urgence».
Cela rejoint exactement ce que je pense ! Et cela vaut itou pour l’ensemble des multinationales qui n’ont si bien prospéré que grâce à la globalisation des échanges sur fond d’ultra-libéralisme débridé rejetant le «carcan» des Etats, surtout s’ils ont le mauvais goût de prétendre imposer quelque règle ! quand tout va bien : «par ici l’oseille» mais quand cela sent le roussi, changement de décor et d’attitude : ils tendent la sébile !
«privatiser les profits, nationaliser les pertes».
Il y a encore quelques semaines, quand j’osais émettre cette critique, je me faisais ramasser grave par les plus chauds partisans de l’ultra-libéralisme et traiter ipso facto de sale gauchiste demeurée qui n’avait rien compris au film… Jean-Claude Juncker est incontes-tablement un dangereux révolutionnaire !
Pourtant, il a évidemment raison : l’ultra-libéralisme mondialisé visait la dissolution de l’Etat, prétendait ériger des règles qui se substitueraient aux lois et règlements, ces empêcheurs d’exploiter à outrance et de prospérer au-delà des limites du raisonnables et du supportable (pour les humains comme pour la planète).
La crise financière vient rappeler le bien-fondé de l’Etat en tant que puissance tutélaire, protectrice du bien commun (le principe… quant à la réalité actuelle, je vous renvoie à l’analyse pertinente de Jacques Généreux dans Libé (jacques-genereux-libe.1222740077.doc)…
Si la crise actuelle (en dépit des souffrances sociales qu’elle ne manquera pas de nous infliger) pouvait permettre, non pas seulement d’édicter un corpus de règles applicables à l’ensemble du système financier international – une nécessité absolue ! – mais également de couper court à cette féodalisation croissante de la vie publique à l’échelle planétaire, il s’agirait d’une véritable révolution.
Toutes ne sont pas forcément violentes. Heureusement. J’y vois bien plutôt l’illustration de ce que disait il y a quelque 500 ans Etienne de la Boétie («De la servitude volontaire») à savoir que le tyran ne prospère que pour autant qu’on le nourrisse et qu’il suffit de refuser de l’alimenter davantage pour qu’il dépérisse.
Incontestablement, la globalisation ultra-libérale ressemble aux empires : par sa démesure et l’ambition d’accroître toujours plus son emprise dans tous les domaines de l’activité humaine et sur des territoires de plus en plus vastes (la planète est son royaume naturel).
Elle devrait donc connaître le même sort que tous les empires : géants aux pieds d’argile, ils sont destinés à s’écrouler… un simple grain de sable suffit le plus souvent et la crise financière internationale et toutes ses conséquences actuelles et futures (la goutte d’eau qui fait déborder le vase) sera-elle le «deus ex machina» inespéré qui suffira à terrasser le monstre ?