RHESUS
Présentation de l'éditeur
Un singe qui entre clandestinement dans une maison de retraite (cela s'est vu, je l'atteste), des vieux qui s'attachent, des forces de police incapables de récupérer la bête, le scandale public, les familles mécontentes, et le parfum de la joie qui monte avec celui du sang. Et le désir, et l'amour, intacts, au bord même de la mort.
Qu'est donc Rhésus? Bonobo ou Jésus nouveau? Animal politique ou homme dénaturé? Combattant ou baiseur? Résistant ou passeur? Dans l'Iliade, il apparaît sous les traits du sauveur promis à Troie, il est ce roi guerrier mort trop tôt pour combattre : une ruse d'Ulysse de plus. Même là, aux origines de tout, il est passé presque inaperçu. Saura-t-on cette fois le reconnaître?
L'histoire, en apparence, est celle d'un naufrage : la vieillesse. Le décor, un manoir transformé en maison de retraite. Rhésus déboule sans crier gare et vous aspire dans une autre dimension, un peu comme le lapin de Lewis Carroll. Sauf que lui est un bonobo polysexuel. D'une drôlerie délirante, le premier livre d'Héléna Marienské explose toutes les croyances du roman contemporain.
L'auteur
Héléna Marienské a publié son premier roman, Rhésus, en 2006, qui a été couronné par de nombreux prix. Agrégée de lettres, elle se consacre désormais à l'écriture et vit entre Paris et l'Auvergne. Elle a également publié Le degré suprême de la tendresse (2008), récompensé par le prix Jean-Claude Brialy.
Un livre que je pensais être purement de l'ordre du divertissant, choisi pour m'accompagner en voyage - autant dire une lecture bâclée, que je n'ai pas eu la patience d'apprécier comme il se devait, càd en prenant mon temps, ni le courage de poursuivre correctement une fois un peu plus posée , et c'est bien dommage car ce n'est pas faire justice au talent de cette auteure.
Roman trop riche, foisonnant, pour être un livre juste divertissant, une lecture de voyage, comme je le pensais donc. Erreur, erreur, cet ouvrage nécessite une certaine concentration (ou du moins, une disponibilité d'esprit) pour bien en apprécier tous les effets et les thèmes exploités.
Vraiment impressionnant sur le fond, ce roman n'en est pas prise de tête pour autant. Au contraire, il regorge de plein de drôlerie et de véritable délire là où l'on s'y attend le moins (j'étais d'ailleurs paumée vers la fin, la déconcentration aidant...), tout ceci servit par un style exquis dont on se régale véritablement (ça c'était dans les moments où j'étais concentrée). Certains passages sont carrément sublimes (je pense au récit de Dhorlac notamment, j'ai bien aimé celui de Raphaëlle aussi, les autres ont leur charme également).
L'histoire, en quelques mots, pour ce que j'en ai compris et pour ce que je peux révéler: le quotidien d'une bande de vieillards dans une maison de retraite un peu particulière (rien que ça, c'est très très drôle, grinçant, et finement raconté). Ca, c'est la version (ultra)soft plutôt clean, mais elle se décline au fur et à mesure des différents récits des protagonistes et de l'angle de vue qu'ils apportent à ce quotidien.
C'est là que le délire fait surface, avec entre autres l'arrivée de Rhésus (tout un programme celui-là) et que nos certitudes s'ébranlent (c'est là où je ne peux en dire plus sous peine de trop en dévoiler) et que je me suis dit: "Wow! Cette auteure, c'est pas n'importe quoi!"
Original, inventif, voire inclassable! Une sorte d'Eric Chevillard au féminin cette Marienské (j'ai bien dit une sorte).
Dommage que je ne l'ai pas mieux lue, en tout cas, ce survol de son oeuvre m'a convaincue de ses talents et je me la note comme auteure à suivre.