Puisse le Mahatma Gandhi nous inspirer dans l’accomplissement de notre mission », déclare le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CÉLÈBRE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA NON-VIOLENCE
2/10/2008 / ONU
Devant le buste de Gandhi et un bouquet de fleurs, installés sur la tribune de l’Assemblée générale, les États Membres ont célébré, ce matin, pour la deuxième fois, la Journée internationale de la non-violence en rendant hommage à la figure la plus emblématique de la protestation pacifique. « Puisse le Mahatma Gandhi nous inspirer dans l’accomplissement de notre mission », a lancé, à cette occasion, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui a souhaité que la Déclaration universelle des droits de l’homme devienne une « réalité vivante ».
« C’est une journée très importante, dont le but principal est de nous inviter tous à réfléchir sur la méthode de lutte utilisée par un des plus grands êtres humains de toute l’histoire, Mahatma Gandhi, afin d’obtenir la libération de l’Inde », a déclaré le Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, M. Miguel d’Escoto Brockmann (Nicaragua), ouvrant cette séance de commémoration.
Réaffirmant la « pertinence universelle du principe de non-violence », et souhaitant « favoriser une culture de paix, de tolérance, de compréhension et de non-violence », l’Assemblée générale, le 15 juin 2007*, a décidé de célébrer chaque année, le 2 octobre, la Journée internationale de la non-violence.
Cette date est en effet celle de l’anniversaire du Mahatma Gandhi. Né le 2 octobre 1869, Mohandas Karamchand Gandhi fut le guide du mouvement pour l’indépendance de l’Inde et le pionnier et théoricien de la stratégie de la non-violence, au moyen du satyagraha, la résistance à l’oppression grâce à la désobéissance civile de masse.
M. d’Escoto Brockmann a suggéré qu’en l’honneur du Mahatma Gandhi, le terme de satyagraha soit adopté dans toutes les langues, afin de « donner le coup d’envoi d’un processus approfondi de réflexion sur sa signification ». Le Président de l’Assemblée générale a également rappelé l’héritage de Martin Luther King qui, a-t-il précisé, « a appliqué les principes de Gandhi dans la lutte pour les droits civils aux États-Unis, la justice économique et la fin de la guerre du Viet Nam ».
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a estimé de son côté que la Journée internationale de la non-violence revêtait cette année une importance particulière du fait du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Gandhi, qui aimait à dire, « une once de pratique vaut mieux que des tonnes de prêches », a toujours choisi l’action et « est à mes yeux un héros », a ajouté M. Ban Ki-moon.
Aujourd’hui, l’héritage du Mahatma Gandhi se retrouve dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les actions des Nations Unies, a poursuivi le Secrétaire général. « Il nous incombe de veiller à ce que les droits inscrits dans la Déclaration soient une réalité vivante, qu’ils soient connus, compris et exercés par tout un chacun, partout », a-t-il affirmé. Car, « ce sont souvent ceux qui ont le plus besoin que leurs droits fondamentaux soient protégés qui ont aussi le plus besoin d’être informés que la Déclaration existe, et qu’elle existe pour eux ». « Puisse le Mahatma Gandhi nous inspirer dans l’accomplissement de notre mission », a conclu M. Ban.
Le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. Pranab Mukherje, a déclaré qu’au centre de l’idée de non-violence, ahmisa, figurent les notions de justice et d’équité. L’ordre économique et politique actuel, fondé sur des méthodes injustes et de profondes inégalités, représente lui aussi une forme de violence qui requiert une solution urgente, et le message du Mahatma Gandhi nous rappelle la nécessité de disposer d’une boussole morale, a-t-il ajouté.
Si la non-violence était le message de Gandhi, satyagraha était son outil, a poursuivi M. Mukherje qui a ajouté que, pour Gandhi, les principes ne sauraient être flexibles. De tels arguments continuent aujourd’hui d’être valables, y compris dans deux domaines essentiels: le terrorisme et la non-prolifération nucléaire.
Aucune cause, aucune religion ne peut justifier ou sanctifier le recours à des actes de terreur, a affirmé le Ministre indien des affaires étrangères. Quant à la non-prolifération, la dichotomie entre les objectifs et les moyens explique pourquoi nous nous sommes tant éloignés de notre objectif initial d’un désarmement nucléaire universel. La difficulté essentielle réside dans la notion que certains pourraient conserver leurs armes nucléaires et pas d’autres, a affirmé le Ministre.
Évoquant les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier l’éradication de la pauvreté et de la faim, le Ministre a rappelé que, pour Gandhi, « la différence entre ce que nous faisons et ce que nous sommes capables de faire suffirait à résoudre la plus grande partie des problèmes du monde ». Cette différence énorme devrait nous stimuler pour les sept ans qui restent avant l’échéance de 2015 pour réaliser les OMD, a souligné M. Mukherje.
Son homologue sud-africaine, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, a, pour sa part, souligné l’œuvre de l’ancien Président Nelson Mandela, qui a « passé 27 ans en prison avec ses camarades, ne manifestant aucun esprit d’amertume ou de revanche », une « autre application pratique », a-t-elle estimé, de la théorie de la non-violence. « En Afrique du Sud, nous nous engageons à toujours respecter les valeurs et les principes de la non-violence qui ont façonné notre lutte contre le système de l’apartheid si maléfique », a ainsi expliqué la Ministre sud-africaine des affaires étrangères.