Le principal intérêt de cet exposé, d'une grande clarté didactique, est de montrer que le libéralisme, loin d'être réduit à sa caricature de "renard libre dans un poulailler libre" popularisée par Jaurès jeune, et abondamment véhiculée par les interventionnistes, est l'inévitable corolaire de l'état de droit. Il propose, selon cette grille de lecture, un certain nombre d'évolutions législatives qui, si elles ne sont pas aussi radicales que celles que j'ai pu esquisser voici quelques jours, s'inscrivent dans le champ d'évolutions sinon faciles à vendre politiquement, du moins facilement adaptables aux structures du système financier mondial actuel, dont les bases, selon lui, ne sont pas à jeter.
Son discours évite les outrances libertariennes (qu'il égratigne au passage), tout en posant les bases d'un changement de paradigme réglementaire "soutenable" dans le contexte actuel. Extraits:
Les adversaires du libéralisme qui n'ont d'autres arguments que de prétendre que la liberté, c'est l'abolition de toutes les règles, feraient mieux de relire - ou de lire enfin - Hayek, qui a toujours écrit exactement le contraire: la liberté ne peut s'épanouir que dans un état de droit.
Mais l'état de droit, ce sont des règles connues d'avance, c'est-à-dire exactement le contraire des interventions ad hoc des gouvernements auxquelles nous sommes confrontés dans la crise actuelle. Ce sont précisément ces actions au cas par cas qui détruisent l'état de droit, et font craindre une nouvelle progression de la tyrannie de l'état.
(...)
En fait, il faut partir du postulat que toute institution, qu'elle soit administration publique, entreprise privée ou simple individu, cherche à maximiser ses avantages et ses profits, même si cette maximisation se fait au détriment d'autres agents économiques. Dans ce combat, l'information est souvent utilisée comme une arme par ceux qui la détiennent, la dissimulent, ou la tronquent. Les libertariens prétendent que seule l'entreprise privée est honnête, ce qui est faux; les collectivistes donnent à l'état toutes les vertus, ce qui est tout aussi faux. A moins d'admettre ces deux évidences, il est impossible, à mon sens, d'ébaucher un système dans lequel les deux protagonistes puissent se contrôler mutuellement.
(...)
C'est desservir la cause du libéralisme que de prétendre que celui-ci n'a besoin ni de règles ni d'institutions pour limiter ses excès et éviter le chaos. C'est dans un environnement où la place de l'Etat est réduite à l'essentiel, c'est à dire la construction d'un édifice institutionnel et légal solide, prévisible, et absolument impartial, que l'individu et l'entreprise peuvent réaliser le maximum de leur potentiel. C'est au vu de cette position, défendue par Hayek dans "The Constitution of Liberty", déjà cité, qu'il nous faut juger des mérites, mais surtout des périls, des interventions des états dans la crise actuelle.
Naturellement, chacun peut trouver à redire sur le détail de telle ou telle proposition. Mais dans une situation où, au delà du sauvetage des meubles à court terme, il convient de réfléchir à une amélioration sensible des mécanismes assurant l'équilibre des systèmes financiers internationaux, les propositions de M. Desmet ont le mérite immense de lancer des idées qui, espérons le, permettront d'élever les débats au dessus des poncifs anti marchés qui servent d'ersatz d'intelligence à bien des commentateurs de la crise actuelle.
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