Le fauve et le ciseleur
Publié le 03 octobre 2008 par Myriam
Troublant parallèle que l'on peut faire entre deux tableaux qui n'ont qu'une trentaine d'années d'écart : les jardiniers de Gustave Caillebotte (1875) et les ramasseurs de pomme de terre de Maurice de Vlaminck (1904).
La thématique est la même : le renvoi à cette terre, si ancrée dans la culture française. Un singulier clin d'œil bien involontaire : des jardiniers qui arrosent et des paysans qui récoltent. Ensuite, du point de vue de la composition, des lignes de fuite qui répondent à des règles de perspective très comparables : une série de lignes partant de la droite des deux tableaux convergent vers le même point de fuite à gauche sur l'horizon. Les jardiniers, comme les paysans, sont vêtus de chapeaux et chemises blanches comme de pantalons sombres. La comparaison s'arrête là.
Ensuite, tout oppose, sur le plan formel (chromatisme, matérialisation de la ligne) le méticuleux Caillebotte, avec son style froid, statique et sa technique léchée, au fauve Vlaminck qui initie une forme d'abstraction, une dynamique incroyable, remodelant l'espace avec ses traits épais appliqués au couteau et ses couleurs éclatantes.
C'est vraiment étonnant de voir à quel point ces deux tableaux sont aussi proches et différents à la fois.