Le brouillard idéologique

Publié le 03 octobre 2008 par Omelette Seizeoeufs

En parlant des cafouillages financiers à répétition de notre Lider Maximo et Président de l'Europe, Juan se demande si Sarkozy est "dépassé... ou ridicule ?". Sur de telles questions, nous sommes, ici à la Pire racaille, plutôt "fromage et dessert".

Hier, dans un billet vraiment trop long, en lisant le franchement ridicule discours de Toulon, je me suis rendu compte que toutes les gesticulations et les discours pseudo-révolutionnaires (si si, on va avoir une "Révolution culturelle" pour de vrai) n'ont servi qu'à justifier les bases de la politique sarkozyënne : le Paquet et le Bouclier qui nous protègent de la crise (qui aurait été bien pire si l'État avait entre 10 et 15 milliards de plus chaque année), la suppression des postes de fonctionnaires, la France des propriétaires, sans parler du fait qu'à l'origine, la vraie catastrophe, ce n'était pas l'irresponsabilité des banquiers et les prêts prédateurs, c'était bien sûr les 35 heures. Quand on supprime du discours de Toulon tout le bruit, on en arrive à : on continue comme avant. Devant le mur, le Très Grand Homme (TGH) appuie sur l'accelerateur. C'est ainsi que l'on reconnaît les Très Grands, je suppose, mais pour une fois j'aurais naïvement espéré que le TGH en question soit un peu plus lucide. Après tout, il s'agit de sauver les riches.

Malheureusement, même en pareil cas, il n'est pas si facile de sortir du brouillard idéologique réactionnaire. Tous les éléments du sarkozysme primitif, visibles dès les premières semaines de son mandat se manifestent de façon particulièrement pathologique : narcissisme d'Etat, esprit de clan et de caste, le tout caractérisé cette fois-ci par un décrochage avec la réalité. Les tirades contre le capitalisme en fournissent le meilleur exemple.

L'économie de marché c'est un marché régulé, le marché mis au service du développement, au service de la société, au service de tous. Ce n'est pas la loi de la jungle, ce n'est pas des profits exorbitants pour quelques-uns et des sacrifices pour tous les autres. L'économie de marché c'est la concurrence qui réduit les prix, qui élimine les rentes et qui profite à tous les consommateurs.

Le capitalisme ce n'est pas le court terme, c'est la longue durée, l'accumulation du capital, la croissance à long terme.

Le capitalisme ce n'est pas la dilution de la propriété, l'irresponsabilité généralisée. Le capitalisme c'est la propriété privée, la responsabilité individuelle, l'engagement personnel, le capitalisme c'est une éthique, c'est une morale, ce sont des institutions.

C'est d'ailleurs le capitalisme qui a permis l'essor extraordinaire de la civilisation occidentale depuis sept siècles.

La crise financière, que nous connaissons aujourd'hui, mes chers compatriotes, n'est pas la crise du capitalisme. C'est la crise d'un système qui s'est éloigné des valeurs les plus fondamentales du capitalisme, qui, en quelque sorte, a trahi l'esprit du capitalisme.

Si on essaie de vraiment comprendre ce que dit ici le Président de la R., on voit qu'il est (ou que Henri Guaino est) profondément déçu par ce qui arrive. Le capitalisme, ce n'est pas ça, le capitalisme, c'est des valeurs : l'effort, l'engagement personnel, l'éthique, la morale et tout le tralala. Le capitalisme est pour lui une sorte d'image d'Epinal où le bon père de famille se lève tôt, prend des risques financiers, achète une maison de lotissement pour abriter sa famille (souriante et obéissante). Il y a chez lui une profonde confusion entre un système économique où l'accumulation de capital facilite la poursuite de l'accumulation de capital, et où l'absence de capital rend plus difficile l'accumulation de capital, et un ensemble de valeurs qui sont censées accompagner ce système. Il est difficile de conclure autrement quand on lit que le capitalisme doit "éliminer les rentes" ! Allez dire une sottise pareil à Vincent Bolloré, il va vous priver de yacht pendant tout un mois d'été. Et si vous ajouter qu'on va supprimer les "profits exorbitants pour quelques-uns et des sacrifices pour tous les autres", ce sera deux mois, ou même pire.

Les français méritent la vérite, encore faudrait-il que notre président vive dans la réalité.