Les partis nationalistes partent favoris des municipalités en Bosnie
Trois millions de Bosniaques sont appelés à participer dimanche à des élections municipales qui, selon les analystes, devraient confirmer la suprématie des partis nationalistes au pouvoir, réprésentant les communautés musulmane, serbe et croate.
29.000 candidats
Les Bosniaques vont élire leurs représentants dans 149 conseils municipaux ainsi que les maires, parmi quelque 29.000 candidats. Il s'agit du quatrième scrutin de ce genre organisé depuis la fin de la guerre qui a ravagé cette ex-république yougoslave, de 1992 à 1995.
"Tout comme les campagnes précédentes, cette dernière a été dominée par une réthorique nationaliste", explique l'analyste politique Milos Solaja. Il estime que "la plupart des gens se laisseront encore guider par la peur qui leur a été inculquée de la domination politique d'une autre communauté".
Une Bosnie, deux entités
Aux termes de l'Accord de paix de Dayton (Etats-Unis) qui a mis fin à la guerre, la Bosnie est divisée en deux entités, la Republika Srpska (serbe) et la Fédération croato-musulmane, unies par de faibles institutions centrales.
Le pays, où le maintien de la paix est assuré par quelque 2.500 militaires de la Force de l'Union européenne (Eufor), est un des plus pauvres d'Europe. Mais une majorité de ministres européens de la Défense s'est prononcée mercredi pour un retrait des soldats européens de Bosnie, et le lancement d'une autre opération civile ou militaire, en raison de l'amélioration de la situation.
Un salaire mensuel de 370 euros
Le salaire moyen mensuel, largement insuffisant, est d'environ 270 euros et le chômage touche quelque 40% de la population active de ce pays de 3,8 millions d'habitants, selon les chiffres officiels. La Bosnie a engagé en juin sa première étape du rapprochement avec l'UE par la signature d'un Accord de stabilisation et d'association, mais des pressions de la communauté internationale sont toujours nécessaires pour faire adopter les réformes requises. L'étude de plus de 5.000 déclarations faites par les politiciens bosniaques pendant la campagne électorale, publiée par une ONG locale (ACIPS), a révélé que seuls 2% de ces messages comprenaient des solutions concrètes relevant de la politique municipale.
Appel à l'abolition de l'entité serbe
En revanche, 74% de ces déclarations ont touché à des thèmes politiques, sujets récurrents de discorde entre les leaders des trois communautés. Dans un récent discours, le leader musulman bosniaque, Haris Silajdzic, a implicitement appelé à l'abolition de l'entité serbe et au renforcement de l'Etat central.
Toujours chère à ses sympathisants, cette idée a déclenché un nouveau tollé en Republika Srpska, dont le Premier ministre Milorad Dodik reste depuis plusieurs années le leader incontestable. Par cette même recette, les partis des deux hommes politiques ont remporté auprès de leur communauté les élections générales de 2006, marquées toutefois par un taux d'abstention supérieur à 50%. "La réthorique nationaliste représente une excuse parfaite pour ceux qui n'ont aucune stratégie pour la prospérité de ce pays", note un autre analyste politique, Tanja Topic.
Aucun sondage
Aucun sondage n'a été réalisé avant les municipales, mais les analystes estiment que les nationalistes vont l'emporter. "Les membres de chacune des trois communautés jugent toujours qu'il est plus important de maintenir au pouvoir leurs leaders nationalistes que de chercher ceux qui seront en mesure de leur apporter la prospérité économique. Et je ne pense pas que les choses vont bientôt changer", a-t-il regretté.
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Source : 7sur7.be, le 3 octobre 2008.