Crise : il faut proposer des solutions

Publié le 03 octobre 2008 par Kalvin Whiteoak

… et cesser de pleurer sans espoir et de s’énerver seul dans son coin.

L’édition de ce vendredi 3 octobre de Médialogues sur RSR1 avait notamment pour fil conducteur le catastrophisme dans les médias et le rôle toxique du “tout négatif”. S’agissant du traitement de la crise économique et financière actuelle, il serait bien difficile pour les médias traditionnels de ne pas traiter du sujet, et il est tout aussi difficile pour eux d’annoncer d’excellents nouvelles réjouissantes. Mais sur ce point ils ne semblent pas en faute. C’est en tous cas ce que l’on a répondu à l’interrogation d’Alain Maillard lors d’une interview ce matin. Il est vrai qu’une certaine omerta empêche le public et même les médias de s’approcher de la véritable information pour pouvoir la décrypter, tant le complexe fortifié Conseil fédéral-BNS-grandes banques (pour la Suisse) se montre peu disert et opaque pour de bonnes ou de mauvaises raisons.

A l’heure actuelle, la Chambre des représentants US doit encore se prononcer une nouvelle fois sur le plan Paulson amendé, ou plutôt complètement revisité puisque ce qui tenait sur un document d’une page s’éparpille  actuellement sur un “ouvrage” d’une centaine de pages. Ceci dit, même si (on en doute) le plan est voté, ce ne sera de loin pas suffisant.

Dans une conférence donnée hier à Vienne, l’ancien économiste en chef de la Banque Mondiale Joseph Stiglitz, par ailleurs Prix Nobel d’Economie 2001, estime en substance au sujet de ce plan Paulson qu’il ressemble à une transfusion sanguine qu’on ferait à un malade auquel on n’a pas encore suturé les artères … c’est dire s’il le prend au sérieux.

S’agissant de la Suisse et de l’Europe, on doit remarquer une cacophonie générale chez les gouvernants qui, un peu à l’image du brave Couchepin, répètent ce qu’on leur  a dit à l’école et feignent de prétendre, sans même y croire, que tout est sous contrôle. Langue de bois néfaste et justement propice au catastrophisme. Il est grand temps maintenant de proposer des pistes et des mesures concrètes de solutions, même partielles.

Un peu à l’image des prises de guerre, il appartient au peuple de s’approprier les banques par des nationalisations massives, et de profiter enfin du profit que peut générer une telle activité lorsqu’elle va bien. On veut faire payer au peuple ce que d’autres ont gagné sur son dos: sa réponse doit être “par ici la monnaie ou plutôt les garanties et les profits futurs”. Le concept de banque publique devra sans doute redevenir la règle en France pour l’une ou l’autre des grandes banques et pourrait être une bonne chose en Suisse. Personne aujourd’hui ne se plaint du fait que l’Etat de Vaud ait recapitalisé la BCV : il a fait une bonne affaire. C’est dans ce sens-là qu’il faut aller, avec quatre avantages:

a) une maîtrise gouvernementale permanente de la liquidité
b) une garantie que les banques ainsi nationalisées cesseront toutes sortes de transactions discutables
c) une bonne rentabilité au service de tous, trois fois plus élevée que celle issue des impôts payés par es mêmes banques
d) un abandon de fait et de droit d’un secret bancaire en matière fiscale qui n’a plus aucun sens ni aucune justification.

Utopique  ? pas tant que ça, mais encore faut-il voir poindre une claire volonté politique dans au moins un sens. Or actuellement la boussole s’affole sur ce plan là.

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