Cherchez sur le sol de la vieille Europe, un point d'information relatif au quotidien des habitants du sud des
Etats-Unis, tient de la gageure. Les flux transitants sur la Toile ne valent guère mieux. Alors on s'appelle, d'un continent l'autre, on se parle de vive voix. Réchauffage : "ta voix me fait du
bien, tu sais, ici c'est la merde !" Merci aux installateurs du cable transtantique, aux satellites. Durant l'échange air-air, aucun mot suspect ne fut utilisé : juste des gros mots, des noms
impropres (Bush, Sarah Paulin, etc.), l'expression "Irak, 1000 milliards de sabordages" , ou encore "on va pas payer l'addition, on la paye déjà, on va la payer pendant trente ans..."
Cette superficité (7000 km) entrelardée par la peau du langage, l'épiderme chair de poule, le frisson interminable, la mort aux trousses : se promettre de se retrouver sous les grands arbres, nos
doigts effleurants les coupes, avant le long, l'interminable tunnel.
Elle me dit :
"Dans le sud, on a plus d'essence depuis une semaine, toutes les pompes sont fermées et cela va continuer durant tout le mois d'octobre et je ne suis pas sûre de pouvoir aller faire les
cours la semaine prochaine, aller au campus, car ce pays n'est pas equipé pour les transports en commun. Pas assez de bus, de train, de métro...Trop grande infrastructure ingérable. Nos
"facs privées" viennent de voir leur budget s'effondrer, les étudiants ne vont pas toucher leur bourses, et les salaires sont suspendus, pas de cash (la roue du credit est bloquée). Dans
les "Public Universities", le non-ivy league, les "hors la noblesse d'Etat", on est en meilleure posture, car la Caroline est l'un des rares Etats qui n'est pas en faillite, mais
en expansion. 35 Etats sont en faillite, et la Californie est l'un des pires, où les employés d'Etats ne peuvent être payés qu'au salaire minimum : $ 6.75 de l'heure."