Les 18-30 ans remontent les bretelles aux 50-64 ans. Le monde que ces derniers ont laissé à leurs cadets est bien moche : la planète est une poubelle remplie de déchets qui puent et qui polluent et le niveau de vie de ceux qui entrent dans la carrière n'est pas très réjouissant parce qu'ils ont du mal justement à entrer dans la carrière.
D'après une enquête pondue par le cabinet Senior Strategic, spécialiste du marché des plus de 50 ans, la couche d'âge qui a le plus de pouvoir d'achat actuellement, plus de 90 % des jeunes interrogés affirment qu'il est difficile aujourd'hui de trouver un travail motivant, intéressant et gratifiant, pensent que leur avenir est plutôt sombre et qu'il est hors de question, dans ces conditions, de fonder une famille.
Attendez, c'est pas tout : 68 % de ces post-ados estiment que leurs parents sont carrément obtus mais que, comme ils ont connu 68 dans leur propre jeunesse, ils reconnaissent qu'ils étaient plus idéalistes et plus contestataires.
Les parents ne sont pas en reste ; ils ont aussi des récriminations : un peu plus de la moitié d'entre eux pensent que les jeunes sont pas très motivés pour le travail, ne font pas preuve de respect pour les anciens, sont plus égoïstes et semblent avoir perdu le sens des valeurs collectives. "Parlez-moi de moi, y'a qu'ça qui m'intéresse" disait la chanson. Les jeunes (un peu stupide de les mettre tous dans le même tiroir !) seraient devenus individualistes par nécessité. Attention qu'ils ne perdent pas totalement espoir. Les désespérés développent des résistances au changement mais aussi parfois, au contraire, des comportements propres à ceux qui n'ont rien à perdre. Des attitudes pouvant entraîner des bouleversements irréversibles. C'est d'ailleurs ce qu'on appelle ordinairement la jeunesse...
Pierre Zimmer
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