Sarah Palin n’est pas du genre à capituler et elle l’a montré jeudi soir lors du débat avec son adversaire démocrate Joe Biden. Les dernières semaines ont été difficiles pour la candidate républicaine, ses entretiens à la presse suscitant moquerie et scepticisme sur sa capacité à occuper le poste de vice-présidente. Les sondages pour le ticket McCain-Palin ne sont pas bons et des rumeurs ont commencé à courir que McCain s’apprêtait à se débarrasser de Palin pour la remplacer par l’ex-candidat à la présidentielle Mitt Romney, qui a l’avantage de dire des choses un peu plus cohérentes sur l’économie.
Palin avait donc tout à perdre dans ce débat et elle s’en est sortie sans faire de gaffe, jouant avec application son rôle d’Américaine moyenne de l’Amérique profonde. « Bonjour, puis-je vous appeler Joe ? », a-t-elle lancé à son adversaire au début du débat, dessinant immédiatement le rôle qu’elle allait interpréter. Elle a répété avec conviction les classiques de l’idéologie républicaine (toujours moins d’Etat, toujours moins d’impôts, etc…) avec une dose de populisme. « Je pense que nous avons besoin d’apporter un peu de la réalité de Wasilla à Washington » (Wasilla est la ville en Alaska dont elle a été maire).
Au début un peu nerveuse (de temps en temps elle lançait un gros clin d’œil en direction des téléspectateurs qui n’avait rien de très vice-présidentiel), Palin donnait l’impression d’être une écolière récitant un poème appris la veille et se concentrant pour ne pas oublier son texte. Pendant tout le débat, Sarah Palin a montré qu’elle avait bien répété, prononçant sans faute les noms du président iranien Ahmadenijad, du président nord-coréen Kim Jong Il et « les frères Castro à Cuba », comme s’ils faisaient partie de ses préoccupations quotidiennes depuis des années.
Prenant de l’assurance, elle s’est mise à attaquer Biden et les démocrates : « Votre plan est le drapeau blanc de la capitulation en Irak et ce n’est pas ce que nos troupes ont besoin d’entendre aujourd’hui, c’est certain », a-t-elle dit avec un sourire en coin, satisfaite de son effet (les républicains acharnés ont dû adorer, cela correspond complètement à leurs préjugés sur les démocrates ). Le message en filigrane était clair : Sarah, elle, ne capitule jamais, que les choses soient dites à ceux qui se moquent d’elle. No surrender !
Et puis alors que la finance américaine s’effondre, que la dette du pays atteint des sommets, que les Etats-Unis sont toujours engagés dans une guerre coûteuse en Irak, elle a affiché un optimisme à toute épreuve, digne des meilleurs films hollywoodiens. « Le plus important est cette vision du monde que je partage avec John McCain. Cette vision du monde dit que l’Amérique est une nation exceptionnelle. Et nous sommes destinés à être cette cité brillante sur la colline, comme le président Reagan l’a si bien dit, nous sommes un phare d’espoir et nous y croyons ».
Un phare d’espoir ? C’est sans doute très exagéré actuellement.