Il y a du Woody Allen chez Julie Delpy : cette façon de transformer n'importe quelle promenade en excursion terrifiante, tous les maux du monde en monologues paranoïaques, cette profonde envie de jouer le rabat-joie de service, même au milieu des situations les plus parfaites et/ou romantiques. Festival de piques, d'obsessions et de décalages, 2 days in Paris est la révélation d'une cinéaste qui sort enfin le nez de son propre nombril pour enfin partir prendre l'air ailleurs. Emmenant son fiancé visiter son Paris natal, une new-yorkaise d'adoption se prend de plein fouet le choc des cultures, des désillusions, des années qui passent. Avec un oeil sans cesse différent sur chaque micro-évènement, aussi anodin soit-il, Julie Delpy convie le spectateur à un festival de drôlerie, conviant le futile et le grave, le réel et l'abstrait. Le duo qu'elle forme avec Adam Goldberg (souvent sous-exploité dans des seconds rôles trop étroits pour lui) est construit de façon idéale, permettant d'enchaîner les vannes les plus primaires (sur le couple, la France, etc.) et les discussions plus sérieuses et empesées.
Delpy est d'ailleurs moins à l'aise lorsqu'elle tente de donner à son film un ton plus noir et désespéré ; si la première demi-heure est un hilarant festival, la demi-teinte de la suite est tout de même moins convaincante. Il n'empêche : c'est un vrai délice que de voir une jeune trentenaire tout faire pour éviter que sa comédie parisienne ne devienne un bête film romantique. Cet anti-romantisme poussé à l'extrême donne un charme bien particulier au film, qui s'enfonce parfois dans des digressions de mauvais aloi, des gimmicks dispensables (les séquences avec les chauffeurs de taxi) et des gags un peu gras (les ballons). Il n'empêche : sans avoir l'air d'y toucher, 2 days in Paris, qui n'est clairement qu'un début dans la carrière de réalisatrice de mademoiselle Delpy, fait résonner tous les espoirs du monde.
6/10