Après des débuts difficiles, Jean-François Copé, patron par résignation, faute de maroquin, des députés UMP semble avoir trouvé ses marques. Les relations avec Nicolas Sarkozy sont apaisées et les pléthoriques et turbulents députés UMP semblent plus enclins à respecter les consignes de leur président de groupe. L’heure de Jean-François Copé est-elle arrivée ? Certains l’affirment assurant qu’il est devenu une pièce maîtresse de la majorité. Que c’est sa rentrée, le moment pour lui de prendre la lumière. Sous réserve que Nicolas Sarkozy, roi soleil, n’en prenne pas ombrage.
Le député-maire de Meaux est plus qu’intelligent. Il est brillant. Il le sait. Ses amis et adversaires aussi. Indispensable mais craint pour ses ambitions par les premiers, redouté par les seconds par sa vivacité d’esprit et son art de la répartie, Jean-François Copé est contraint de se garder des deux côtés. Un homme averti en vaut deux et le chef de file des députés UMP vaut bien un bataillon à lui tout seul.
Les journées parlementaires de l’UMP, qui se tiennent à Antibes ces 1er et 2 octobre confirment l’emprise de ce quadra ambitieux sur son camp. «Pas de petites phrases» sur l’analyse de la crise financière mondiale, a demandé mardi Jean-François Copé à ses troupes. La demande est légitime, son respect surprenant, même si les francs-tireurs notoires n’ont pas fait le déplacement.
Jean-François Copé a l’avenir devant lui et de nombreuses cartes en main. Sa nouvelle sérénité vient peut être de son sentiment d’avoir humé avant tout le monde la fin du Sarkozysme. La date est même connue : 2017. Elle correspond à la fin d’un éventuel deuxième mandat consécutif de Nicolas Sarkozy, le maximum autorisé par la constitution. Neuf ans, c’est long en soi mais court en terme de gestation présidentielle.
Ce que Jean-François Copé ne peut avoir, il le contourne. A défaut d’espérer prendre l’UMP, il se construit patiemment, avec les clubs «Génération France » qui essaiment dans les départements, sa propre machine de guerre habillée en simple think tank pour éviter de froisser les susceptibilités.
Autre cadeau inespéré de l’Elysée, le renforcement du rôle du parlement instauré par la réforme constitutionnelle du 21 juillet. Le chef des députés UMP entend bien en user à son profit et pousse pour faire évoluer l’Assemblée Nationale vers une Chambre des représentants à la française, capable de dire Non au Président.
Comme Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé veut apparaître comme un réformateur. Objectif affiché, le « big bang », c’est son appellation, du redécoupage des compétences avec notamment un projet de fusion Régions-départements obligatoirement populaire pour des citoyens exaspérés par le millefeuille administratif français.
Idéologiquement, le député-maire de Meaux partage avec Nicolas Sarkozy une vision très libérale de la société dans laquelle l’intervention de l’Etat et de ses petits bras, les fonctionnaires, est réduite au strict minimum. Autre point commun, un intérêt marqué pour l’argent.
En 2005, déjà le jeune ministre de Jacques Chirac se fait remarquer lorsque la presse révèle qu’il occupe un logement de fonction de 230 m² près des Invalides pour un loyer mensuel de 5 500 € acquitté par l’Etat alors qu’il est dans le même temps propriétaire d’un appartement de 160 m² dans le XVIème arrondissement. A l’automne 2007, nouvelle polémique. En plus de ses fonctions politiques, il devient avocat et rejoint le cabinet d’avocats Gide Loyrette et Nouel pour une collaboration de deux jours par semaine. Outre la problématique d’agenda, le job à temps partiel fait l’objet de critiques pour ancien ministre du budget qui entre dans un cabinet d’avocats d’affaires amené à jouer le rôle de conseil de l’Etat dans le dossier de la fusion GDF/Suez.
A la différence toutefois de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé présente un sérieux défaut dans la cuirasse. Autant le Président de la République sait opportunément verser tantôt dans le libéralisme, tantôt dans l’interventionnisme, n’hésitant pas à s’approprier de façon opportune des références idéologiques de gauche et à jouer l’ouverture, autant le président du groupe UMP paraît incapable de s’échapper de son costume d’homme de droite ultra-libéral aux accents sectaires.
L’accès à la magistrature suprême ne nécessite pas seulement d’avoir de bonnes idées et d’être brillant. Il faut aussi être en phase avec son temps. L’actuelle crise majeure du système financier et bancaire mondial marque peut être la fin d’un cycle économique et historique dominé par le libéralisme. De quoi ringardiser bien des jeunes loups.
©Henry Moreigne pour Intalk.fr