Je les avais bien entendu remarquées au fil de mes lectures mais je n'en n'avais point fait l'exacte recension... C'est un vrai festival ! aussi savoureux que les "raffarinades"... Devant autant de déclarations qui défient le bon sens, je n'ai jamais su faire le départ entre l'aveuglement stupide et la "langue de bois" ministérielle. C'est dire si je les ai lues avec un plaisir gourmand : Crise financière: Christine Lagarde, un an de méthode Coué
"20minutes.fr a recensé un an de déclarations de la ministre de l'Economie. No comment." Nous voilà avertis !
Soit notre distinguée ministre des Finances est totalement stupide et incapable de prévoir ce que tout le monde pouvait subodorer depuis l'éclatement de la crise des subprimes (notamment à cause de la titrisation) or, la science économique repose pour une part importante sur la capacité de prévoir et d'anticiper ! soit elle cherchait à nous endormir, notamment à cause du "paquet fiscal" qui ne profitait qu'aux multimilliardaires du COUAC/40...
17 août 2007, conférence de presse"L'économie française repose sur des fondamentaux qui sont solides [...] Je ne conçois pas aujourd'hui de contamination à l'économie mondiale"
Eh ! oui... Le "paquet fiscal" venait à peine d'être voté bien que le retournement de conjoncture eût été largement amorcé... D'ailleurs, à cet égard; François Fillon avoue qu'en visite à Washington, il avait compris l'ampleur de la crise qui s'amorçait...
17 août 2007, dans "Le Parisien""Ce n'est pas un krach [...] Nous assistons aujourd'hui à un ajustement [...] une correction financière, certes brutale mais prévisible"
Je n'aurais aucunement la prétention de me dire économiste. Mais précisément, même si cela n'était pas (encore) un krach à proprement parler (il y a manqué la durée) il était évident que nous abordions une période particulièrement troublée et difficile parce que la crise était loin de n'être que boursière.
A la même période on constatait des pressions insoutenables sur tous les marchés : pétrole, matières premières - et nouveauté : les matières premières agricoles avec les pénuries qui ont suivi de peu, entraînant des émeutes de la faim.... et un renchérissement sans précédent d'un grand nombre de produits alimentaires de base, ici même.
Mais visiblement Christine Lagarde est bien au-dessus de ces contingences et ne doit pas connaître la faim qui tenaille jour après jour le ventre des démunis... et avouait sans la moindre pudeur pour ceux qui en souffrent (ici et dans les pays les plus pauvres de la planète) lors des vœux début janvier 2008 qu'elle ne saurait se passer de la cuisine gastronomique du "Chef" de Bercy...
5 novembre 2007 sur "Europe 1""La crise de l'immobilier et la crise financière ne semblent pas avoir d'effet sur l'économie réelle américaine. Il n'y a pas de raisons de penser qu'on aura un effet sur l'économie réelle française".
Autant d'aveuglement dépasse l'entendement ! Quand jour après jour les statistiques américaines faisaient état de pertes nettes d'emplois, de la dégradation du marché de l'immobilier et d'un sévère recul des entreprises de construction.
Et quant à la situation de la France, si elle n'était pas encore aussi dégradée qu'aujourd'hui, on voyait déjà poindre le retournement de la conjoncture avec l'augmentation rapide de l'inflation (notamment sur les prix de l'alimentation) et les tensions naissantes dans la construction et la vente de logements neufs.
18 décembre 2007, sur "France-Inter""Nous aurons certainement des effets collatéraux, à mon sens mesurés. [Il est] largement excessif de conclure que nous sommes à la veille d'une grande crise économique"
A l'évidence, Christine Lagarde manque précisément du sens de la "mesure" fût-elle simplement "pifométrique" ! A croire que ce sens est chez elle inversement proportionnel à la taille de son nez !
22 janvier 2008, sur "Europe 1""[Un krach?] Il faut éviter les mots spectres, les mots angoisse comme ça [...] Je crois qu'on a observé une correction brutale sur les marchés asiatiques, européens dans la foulée"
C'est aussi ridicule que Koukouchpanier, qui après avoir prononcé à plusieurs reprises le mot "guerre" au sujet de l'Iran et s'être sans nul doute fait tancer avait fini par lui substituer... "le mot" ! Comme s'il perdait sa cruelle réalité...
A n'en point douter le mot krach était au bout de la ligne... de crédit. "spectre" et "angoisse" . Comme si la peur évitait le danger ? Alors que tout le monde savait que la situation s'aggravait à chaque mini-crise et que la survenance d'un krach véritable finirait par se produire.
10 février 2008, au G7 au Japon"Nous ne prévoyons pas de récession dans le cas de l'Europe"
Depuis une éternité, pour ne pas faire face à la réalité et surtout ! prendre des mesures qui s'imposent lors de la survenue d'une récession que l'on voyait poindre à grande vitesse, Christine Lagarde et François Fillon refusaient (il y a encore 15 jours) d'admettre que c'était bien une récession - et même d'une ampleur aussi considérable qu'en 1929 - qui amorçait sa spirale infernale.
La raison en est toute simple : il s'agissait pour eux de détricoter le droit du travail et de mettre salariés et chômeurs "au pas" ... Notamment les attaques frontales contre les plus âgés dont on sait bien qu'ils sont les premiers à faire les frais d'une crise : suppression de la dispense de recherche d'emploi après 55 ans et obligation - et, pour tous les demandeurs d'emploi - d'accepter n'importe quel job après 3 propositions... 11 février 2008, dans "Le Figaro""Si les États-Unis devaient éviter la récession, leur croissance sera toutefois très faible. L'Europe sera elle aussi touchée".
Un début de lucidité malgré le conditionnel ? Risible (mais jaune) quand il était aussi évident que le nez au milieu de la figure que les Etats-Unis étaient bien au bord d'une récession de très grande ampleur.
26 mars 2008, conférence de presse"L'environnement international est difficile [...] La volatilité actuelle des taux de change et le niveau du dollar sont un risque pour notre croissance"
On pouvait déjà dire un peu plus la vérité aux Français : les élections municipales et cantonales avaient eu lieu, avec le résultat catastrophique que l'on sait pour la majorité... Christine Lagarde d'ailleurs elle-même sévèrement défaite dans le XIIè arrondissement de Paris !
Dans le discours prononcé par François Fillon le soir du second tour, l'on sentait bien que malgré que le terme ne fût pas prononcé (pas plus qu'aujourd'hui alors que nous devons nous préparer au pire !) nous allions subir une politique "de rigueur" des plus sévères.
1er juillet 2008, dans "Le Figaro"A l'orée de la présidence française de l'UE, Lagarde veut rester comme le ministre français ayant permis à l'Europe "d'éviter la crise financière d'après"
D'après quoi ? Nous sommes désormais dans la "France d'après" selon l'inepte slogan des affiches de campagne de Nicolas Sarkozy...Nul n'était besoin d'être grand clerc pour subodorer ce que serait cet "après" ! Et c'est encore pire que nous ne le craignions...
On se demande bien ce que jusqu'à présent Christine Lagarde a pu éviter en pleine présidence française de l'UE ! La crise financière bat son plein, deux mois à peine après cette inepte déclaration et je doute que nous en soyons sortis au terme de la présidence européenne de Nicolas Sarkozy... dans deux mois.
15 septembre 2008, sur "Europe 1""L'ensemble des autorités bancaires, le Trésor, les banques centrales se sont concertées pendant plusieurs jours, les mécanismes sont en place, il n'y a pas panique à bord"
3 jours avant le krach ! La plupart des articles récents que j'ai lus témoignent au contraire que le gouvernement nage en pleine panique et ne sait plus à quel saint se vouer...
16 septembre 2008, conférence de presse"[La crise aura] des effets sur l'emploi et sur le chômage [pour l'heure] ni avérés ni chiffrables"
Si "gouverner c'est prévoir", à l'évidence François Fillon autant que Christine Lagarde n'ont pas leur place dans un gouvernement qui doit affronter une crise majeure et multiple : financière, économique et sociale.Bien entendu, personne ne peut chiffrer les conséquences à long terme ni prévoir la durée et l'impact de la crise. Mais l'objectif est bien plutôt de préparer les Français (qui déjà n'en peuvent mais à cause notamment de la perte substantielle de leur pouvoir d'achat et de la dégradation du marché de l'emploi) à la rigueur sans aucune mesure envisagée pour soulager leurs difficultés .
20 septembre 2008, conférence de presse"Le gros risque systémique qui était craint par les places financières et qui les a amenées à beaucoup baisser au cours des derniers jours est derrière nous"
Est-ce du Pierre Dac : "avoir son avenir dans le dos" ? Christine Lagarde le regarde de la même façon : la finance internationale est précisément victime d'une crise systémique dont personne ne peut voir la fin aujourd'hui.
21 septembre 2008 sur "Europe 1""Je ne suis pas euphorique, pas plus que je n'étais catastrophiste [...] La crise est loin d'être finie"
On attend la suite...
Un article de Libé nous donne la clef du message de Christine Lagarde : Quand le gouvernement "rassure" les marchés ...
Vous remarquerez qu'une fois encore il ne s'agit nullement de rassurer les Français ! Sans doute les propos lénifiants de Christine Lagarde sont également censés nous endormir. Mais sa préoccupation première reste la Bourse. Les Français n'ont qu'à se démerder dans des difficultés chaque jour plus nombreuses et graves, elle doit s'en taper ! "N'ont qu'à être riches !".Que n'envisage-t-elle une solution, par exemple, pour les 30 000 ménages pris à la gorge par des "prêts relais" ? Ceux qui permettent à des acquéreurs de prendre un crédit pour acheter un nouveau logement sans avoir encore finalisé la vente de leur précédent logement.
Etant donnée la conjoncture actuelle sur le marché de l'immobilier, beaucoup de personnes n'arrivent pas à vendre leur bien précédent aussi vite (sinon jamais) qu'il serait nécessaire. Non seulement elles doivent régler les échéances de leur nouvelle acquisition mais également celles du crédit-relai qui de surcroît n'est accordée que pour une durée limitée.
Or donc, selon Libé Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi, qui s'exprimait hier matin sur France-Inter reconnaît implicitement - que le "discours (...) rassurant" de Christine Lagarde sur la crise est faux."c'est trop facile de la critiquer sur ce sujet. Quand Christine Lagarde s'exprime, elle a un impact sur l'évolution des marchés financiers et la confiance.(...) elle a besoin aussi d'avoir un discours qui permet d'être rassurant pour ne pas précipiter la crise"
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"Ça veut dire que le capitalisme repose sur des mensonges ?" (Jean-François Achilli, chef du service politique de France Inter).
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"Non, pas du tout, ça veut dire qu'il faut faire attention dans cette période. Il faut d'abord être lucide, reconnaître la crise et ses difficultés et en même temps ne pas plonger tout le monde dans le noir."
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"C'est une sacrée leçon de communication politique que vous venez de nous délivrer. Vous nous donnez les clefs pour comprendre les messages qui émanent d'un certain nombre de ministre..." (de Nicolas Demorand, animateur de la matinale d'Inter)
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"Non, je pense juste que quand on est derrière un micro, ce n'est pas seulement de la communication qu'on fait. Ce qu'on dit peut avoir un impact sur la situation de l'emploi, sur la situation financière, donc il faut juste qu'on soit responsable dans les propos qu'on tient".
Autant dire que je n'ai pas attendu Laurent Wauquiez pour décrypter la com' des ministres et des politiciens en général. J'écoute d'une oreille et analyse de l'autre !
Je comprends bien qu'un ministre ou n'importe quel responsable se doit d'être prudent dans ses déclarations (on a vu toutefois tellement de ministres de ce gouvernement se lancer dans des annonces précipitées et devoir ensuite rétro-pédaler aussi précipitamment !) et il est évident qu'à moins d'être inconséquent pour ne pas dire complètement "ouf" il ne leur est pas demandé de livrer aux médias des informations qui doivent rester confidentielles pour telle ou telle raison... limites évidentes de la "transparence"
Mais précisément, la "transparence" n'est vraiment pas la caractéristique prédominante du gouvernement Fillon ni de l'Elysée qui cultivent à l'envi le culte du secret... heureusement pour l'information des citoyens, celui-ci est en général fort mal gardé et c'est par "la bande" que nous avons connaissance de ce qui se trame contre nous ou des infos qui font déjà le tour de la planète...
C'est d'ailleurs la grande spécialité du ministre de la défense de devoir démentir ce qu'il sera forcé d'admettre du bout des lèvres quelques jours plus tard.
Des mesures qui nous concernent au premier chef : ce que devait contenir le décret de Xavier Bertrand sur la réforme du temps de travail ou les modalités de la retraite des fonctionnaires (au demeurant rédigés avant même toute concertation avec les syndicats !)...
Idem il y a 15 jours pour les produits concernés par le "bonus malus" de Borloo dont la liste (établie en premier lieu par "Le Parisien") ne cessait de s'accroître chaque jour...
Gardée secrète prétendument pour que les consommateurs ne puissent profiter d'un "effet d'aubaine" en achetant par avance des produits qui eussent dû être taxés au début 2009.
Les consommateurs - qui sont également des citoyens - ne sont pas de grands enfants qu'il faut protéger d'eux-mêmes et (surtout) ne pas protéger des décisions des dirigeants ! De telles méthodes m'évoquent bien plutôt les mœurs de la nomenklatura stalinienne que celle d'un Etat de droit !
A quoi servirait-il d'avoir une presse - relativement libre - si c'est pour cacher la vérité, la travestir ou mentir ? A cet égard, il est heureux qu'il y ait encore des journalistes qui savent ce "qu'investigation" veut dire et ne se contentent pas de la "communication" gouvernementale et politique.
Christine Lagarde peut bien tenter de rassurer les marchés, souvent en dépit du bon sens et de la réalité que n'importe quel observateur de bon sens peut constater. Mais elle fait bien peu de cas de la majorité des Français qui vont subir très durement les effets de la crise.
Et qui pourront lui reprocher très vivement de s'être contenté de mots plutôt que d'avoir pris ou fait prendre au gouver-nement les mesures nécessaires pour en atténuer les effets sur la vie du plus grand nombre :
la "France qui souffre" Nicolas Sarkozy ne fait semblant de s'en préoccuper que lorsque et si cela l'arrange, notamment pour essayer de faire remonter sa cote de popularité !
J'y pense et puis j'oublie !