Imagine all the people living life in peace...
Imagine no possessions, I wonder if you can No need for greed or hunger, a brotherhood of menImagine all the people sharing all the world
You may say I'm a dreamer, but I'm not the only one
I hope someday, you'll join us, and the world will live as one.
Il était une fois sur un des versants du toit du monde, une langue de terre glacée, plissée en accordéon de montagnes toutes aussi hautes les une que les autres; une forêt de cimes enneigées qui paraissait s'étendre à l'infini.
De leurs sommets, on aurait pu caresser les nuages...
A une telle altitude, l'oxygène se fait rare et la respiration difficile; la terre se fait indomptable, se gerce et se crevasse en failles insondables; le froid devient vite insoutenable; et l'eau, source de vie, se coagule en glace inerte et incassable.
Cependant, perdu dans ces contrées inhospitalières et désertiques, un peuple défie toutes les croyances en ce que devraient être les conditions minimales de survie de l'espèce humaine, et est parvenu à apprivoiser les lois pourtant insoumises de la nature, vivant d'agriculture et d'élevage; donnant du relief, non pas au paysage qui n'en manque pas, mais à la vie elle-même.
39 toutes petites années de répit plus tard, 80.000 soldats commandés par Mao Tse-Tung envahissent Lhassa, ce qui contraignit le 14ieme et actuel Dalaï Lama à capituler et signer un "accord de paix".
Outre cette œuvre impossible, il a accompli un autre miracle, qui est celui de figer le temps, comme le froid pétrifie l'eau en glace, préservant, tel un trésor intouchable, ses traditions et sa religion bouddhiste implantée depuis le IXe siècle.
Lhassa, cite interdite surmontée du Potala a fait fantasmé plus d'un esprit d'aventurier voyageur. Dans l'enceinte de ce quasi nid d'aigle, ont régné les Dalaï Lamas successifs, vénérés par le peuple comme des Dieux vivants... Qui d'autre en effet pourrait se targuer de vivre aussi proche du ciel?
Le Tibet aurait pu être un des ces pays imaginaires qu'on décrit aux enfants avant qu'ils ne s'endorment, un havre de paix fabulé destiné à calmer les esprits torturés au moment de compter non pas les moutons, mais les yacks qui y habitent..
Pourtant, le Tibet a toujours eu une histoire tourmentée; envahi de façon perpétuelle par son géant de voisin, la Chine. Ce ne fut que lorsque que la dynastie chinoise des Quing s'effondre que le Tibet acquiert enfin son indépendance; on est en 1911, et bien des siècles tumultueux ont passé.
Le Tibet lança alors un appel désespéré à la communauté internationale qui restera totalement sourde...
C'est pot de fer contre pot de terre, les fusils modernes contre les lances-pierres, et la seule autre alternative qui est un bain de sang accule le "dieu-vivant" à signer cet accord, gobant d'une traite les promesses chinoises pour, espère-t il, sauver la vie de son peuple.
Cet accord, détaillé
en 17 points est censé garantir l'autorité spirituelle du Dalai Lama (qui devra cependant s'exiler en Inde en 1959, en traversant à pieds le mur de montagnes himalayennes, et franchir la frontière déguisé en soldat indien), reconnaitre la religion bouddhiste (ce qui se soldera par la destruction systématique de pas moins de 6000 temples et monastères), protéger la population (ce qui voudra toutefois dire l'extermination pure et simple de 1.200.000 Tibétains, 1/6 de sa population), sauvegarder la culture tibétaine (en imposant pourtant le chinois comme langue officielle, et rendre sporadique l'enseignement du tibétain), laisser au Tibet le soin d'administrer ses relations diplomatiques extérieures (qui se gèrent aujourd'hui sous la cape, et de façon plus qu'officieuse par le gouvernement en exil), bref.. un ersatz d'Etat autonome sous l'œil (bon/mal?)veillant de la Chine!
Entre les lignes d'hiéroglyphes chinois, se cachent quelles autres atrocités? Des camps de travail, la famine (exclusivement tibétaine), une exploitation chinoise excessive des ressources minérales et naturelles (ils ne sont pas venus pour rien), une déforestation massive (le paysage n'était pas suffisamment désertique), l'utilisation du Tibet comme poubelle de leurs déchets radioactifs, et actuellement une population qui se chiffre à 6 millions de Tibétains pour 7.5 millions de Chinois (85% de Chinois à Lhassa) qui bénéficient eux (comme il se doit lors de toute bonne colonisation) de primes au repeuplement, à la reproduction, pardon, "primes à la naissance" du moment qu'elle est purement chinoise...
D'un point de vue juridique, le Tibet n'appartient pas à la Chine, est un pays indépendant soumis: l'occupation chinoise est donc purement et simplement illégale.
Pourtant, le Potala a été vidé de son chef spirituel, 130.000 Tibétains sont désormais des réfugiés en exil, pour la majorité en Inde.
La chute de Lhassa (plus connue en Chine sous le nom poétique de "Libération du Tibet par Mao") n'a duré qu'un bref instant. Un bref instant pour empaqueter toute une vie et fuir coute que coute. Plusieurs ont péri, on s'en doute, pendant cette Longue Marche tibétaine, paradoxalement pour sauver leur peau...
La plupart de ces réfugiés se rendent à Dharamsala pour voir leur Dieu vivant, faisant maintenant figure de père protecteur.
Le Dalai Lama les reçoit tous, un par un, pour écouter leurs histoires dignes des plus mauvais scenari de films sanguinaires, à l'exception près que la fin n'est pas encore écrite...
J'en avais déjà parlé dans un
blog precedant: destructions de villages, confiscations de maisons, rafles, boucheries, bains de sang, subordination des colonisés par les colonisateurs, emprisonnements, tortures (de femmes, d'enfants, de vieillards.. quand on en est arrivé à un tel degré de barbarie pourquoi faire dans le détail...), intimidations des intellectuels, menaces, censure de la presse et contrôle des publications autorisées à pénétrer le mur de honte imaginaire qui entoure le Tibet, 30.000 policiers chinois formés à la surveillance des échanges internet, check-points, et bien entendu journalistes étrangers interdits d'entrée; les homicides doivent se dérouler dans un silence médiatique absolu.
Croire comme la naïve que je fus qu'il s'agissait d'une des nombreuses bavures appartenant à l'histoire est un leurre. Ca se passe encore au moment où j'écris ces lignes, ça se passe encore au moment où vous les lisez, ça se passera sans doute pour longtemps encore...
Chaque Tibétain que j'ai eu la chance merveilleuse de rencontrer a au moins un membre de sa famille tué ou emprisonné; ça m'a révoltée, ca m'a écoeurée, ça m'a fait pleurer, ça m'a enragée.. mais la nausée, les larmes et la colère n'auront au final rien changé...
Dans quelques années peut-être dirais je, me repentant de mon infamie auprès de mes enfants, qu'on savait mais qu'on a rien fait.... On aura laissé le temps à la poussière de s'accumuler sur les dossiers de violation des droits de l'homme conservés quelque part dans les archives de l'ONU, tombés aux oubliettes sauf avoir été même lus.. comme tant d'autres...
Suite aux nouveaux massacres de 1959 qui ont poussé la Dalai Lama à s'exiler, l'Assemblée générale de l'ONU adopte une première
résolution où elle se déclare " gravement préoccupée et consciente de la nécessité de préserver les droits élémentaires des Tibétains".
Dans le langage diplomatique, "choqué, ou "revolté" sont des mots grossiers... on est ... "préoccupé".
Existe t-il un Dieu et serait il assez cruel pour laisser faire ça? Dans le cas du Tibet, il est quasi Dieu, et il est vivant, et il répond par la compassion et le pardon. Une réponse des plus pacifiste, et bien plus humaniste que mystique...
Dans un des nombreux livres du Dalaï Lama que j'ai pu lire se trouve une anecdote qui illustre à elle seule une grande partie de la pensée philosophique bouddhiste: un moine et ami intime du Dalai Lama resté au Tibet a été emprisonné pendant 8 ans. Huit années durant lesquelles il a enduré de l'armée chinoise tortures quotidiennes et humiliations. Une fois relâché, il a trouve exil à Dharamsala. La première question que le Dalai Lama lui a posé "Pendant ces 8 années, de quoi as-tu eu le plus peur?", et ce dernier de répondre " De perdre mon amour et ma compassion pour les Chinois".
Ma première réaction d'Occidentale athée a été de me dire "encore un illuminé qui pense que le raccourci vers un hypothétique paradis est l'acceptation aveugle de la souffrance, la flagellation... Mais cette réponse était pourtant des plus rationnelles: s'il s'était mis à haïr ses tortionnaires, sa colère et sa haine l'auraient fait souffrir davantage, et à terme, l'aurait rendu complètement fou.
Khatmandou, Décembre 2007
Je me trouve au Népal, et mon prochain vol part de Lhassa vers Chengdu en Chine intérieure. Il y a quelques mois, je faisais des bonds de joie a l'idée de voir Lhassa, cette cité énigmatique; mais aujourd'hui, l'idée ne m'enchante plus guère.
Pendant mon trek dans l'Annapurna, j'ai eu l'occasion de voir des photos de Lhassa qui trônaient fièrement dans chaque intérieur de réfugié tibétain. On est bien loin des images poétiques de "Seven years in Tibet" de J-J Annaud: Lhassa est devenu une ville chinoise défigurée par des buidlings monotones, et grillagées de larges artères comme les dictateurs communistes savent si bien faire, et dans lesquelles les chars et les tanks circulent plus facilement.
Temba m'avait dressé le portrait sanglant du Tibet qui avait fait naitre des doutes quant au bien-fondé de ma présence en petite touriste innocente, cautionnant implicitement les atrocités chinoises.
Aussi, le Tibet ne se visite pas en voyageur indépendant; on y voyage en troupeaux organisés, et encadrés par les nombreux check-points pour éviter que vous ne vous égariez et soyez témoins de spectacles labellisés "âmes sensibles, s'abstenir".
Mais après avoir ruminé tout ça pendant plusieurs jours, je me suis dit "well, what the fuck, allons-y, voir par moi-même, ...ou plutôt escortée par un guide on ne peut plus officiel!!" Et je n'ai aucun regret!
Avant de partir, on m'avait avertie de nombreuses fois; interdiction formelle d'y faire entrer toute chose liée de près ou de loin au Dalai Lama. Parfait!! Je remplis mon sac de deux de ses livres en français que je possède, et achète avant de partir son autobiographie en anglais "Freedom in exile".
Comme je l'avais dit; mon petit acte de protestation personnelle....
Appels au Boycott des Jeux Olympiques de Pekin:
Chine: la plus grande prison du monde pour journalistes et internautes