Durant sa campagne électorale, le nain intellectuel qui joue depuis un an et demi les potiches présidentielles nous avait annoncé l’instauration d’un mécanisme de crédit-revolving adossé aux remboursements des emprunts immobiliers, en insistant lourdement, au cours d’une mémorable émission sur France 2 fin novembre 2006 (au cours de laquelle l’économiste pourtant libéral Elie Cohen s’était franchement payé sa gueule sur la connerie foncière de son projet de paquet fiscal), sur le fait que les Français n’étaient pas assez endettés et qu’il fallait les aligner sur les foyers américains pour les décomplexer à l’égard du crédit, plutôt que de se complaire dans notre ringardise extrême et notre épargne sur Livret A.
Il y a dix jours, à l’occasion de son déplacement à New York, le même, qui n’a jamais rien compris à rien et dont les seuls cours d’économie lui avaient été prodigués par le scientologue Tom Cruise à l’occasion d’un mémorable raout à Bercy (à moins que son demi-frère Olivier, nouveau directeur financier chez Carlyle, ne l’ait affranchi sur les problèmes de financement de leur guerre afghane désormais commune : « Chaque jeune soldat français que tu envoies se faire tuer sur l’Indou Kouch nous rapporte tant de dollars, continue frérot, on est fier de toi à Washington… »), s’enferme dans une chambre d’hôtel, se fait expliquer la crise par ses correspondants américains, et en conclue que décidément le capitalisme c’est caca. Puis sans réfléchir (pour ne pas changer), il traite les financiers de « terroristes » à la tribune de l’ONU, à quelques encablures de Ground Zero, et glapit qu’il faut couper les têtes de tous ceux qui ont un jour dit le contraire (on aurait dit Paul Quilès au Congrès de Valence, pour ceux qui ont de la mémoire).
Discours qui a mis hors d’elle la presse économique anglo-saxonne (lisez les derniers numéros du Financial Times, c’est édifiant) : non seulement le petit Nicolas crache dans la soupe, mais en plus, lui qui se couche devant tous les froncements de sourcil des tortionnaires libyens et autres dictateurs chinois, et qui reconnaissait pas plus tard qu’avant-hier dans l’Amérique de Bush le modèle que Pal le père aurait dû lui enseigner à coups de taloches, voilà qu’il profite de ce que cette même Amérique vénérée est à terre pour tuer le père. Est-ce grave, Docteur Freud ?
Pour la France, c’est catastrophique. Rentré dans ce beau pays qu’il continue d’exécrer, il manque déclencher un début de panique parce que lui-même panique par inintelligence de ce qui se passe. Et toute la France découvre au soir du discours de Toulon ce que j’écrivais déjà dans Sarko l’Américain : il n’y a pas plus minable et consternant communiquant que Sarkozy. Dans la foulée, notre gouvernement de bras cassés fond sur les Livrets A comme la vérole sur le bas-clergé breton, et découvre les bienfaits de la ringardise française proto-capitaliste – à moins qu’il ne s’agisse finalement que du seul, du vrai capitalisme… Vive la France ?
La reine de Prusse et de Saxe vient hier de siffler la fin de la récréation, et de rappeler à l’ordre et au calme notre pitoyable roi de France et de Neuilly-sur-Seine : pas de fonds européen de soutien à l’américaine, et surtout fini de flanquer la panique. La ferme, Sarko, boucle-la !
Mais pourquoi ne pas le prendre au mot : à quand la tête du dernier responsable des dérives néo-libérales françaises au bout d’une pique ? Comme le disaient certains Conventionnels une fameuse nuit de janvier 1793, c’est triste que ça tombe sur Louis, il y a eu bien pire et coupable avant lui : mais c’est comme ça.
Pauvre Carla. Et pauvre Rachida…