Du rénovateur Moscivici à la rénovatrice Royal, il semble que pour les rénovateurs du PS, le renouveau actuel semble passer par un sarkozysme de gauche.
- Sarkozysme: l’économique prime le social et, au delà des grandes déclarations, tout doit être fait pour que les hommes et femmes de l’économie (réelle ou financière tant les deux sont imbriqués) se sentent à l’aise, n’aient pas envie d’émigrer en Suisse ou aux USA. L’économie n’est prise là que dans son sens le plus utilitaire et fabricatrice de profits car pas grand monde ne s’émeut que la fine fleur de nos jeunes chercheurs émigrent, eux, aux USA.
- De gauche ? Un peu moins de dureté pour les immigrés, un peu moins de suppression de postes de fonctionnaires, moins de fichage, plus d’aides aux associations, et quelques autres inflexions, mais, grosso-modo une plate adaptation “aux lois du marché” telles que les conçoit la Communauté Européenne, en fait à celles d’un libéralisme économique et financier actuel dont on voit les résultats.
Or la crise actuelle est au moins révélatrice de ce que ce système produit et de l’adage “Privatisons les profits, socialisons les pertes”, parallèlement à l’éclatement des inégalités et l’appauvrissement des moins favorisés. S’il y a rénovation, autre que le spectacle du combat des égos actuellement en cours(cf le Zénith de Mme Royal), elle doit trouver les voies et moyens pour, via les opinions publiques internationales (ce qui se passe actuellement en Amérique du Sud est intéressant) et un féroce combat dans les institutions européennes, pour faire avancer une régulation drastique des spéculations financières, la mise à mort des paradis fiscaux, le boycot des pays où l’argent sale est blanchi et où la spéculation financière règne. Une rénovation de la politique de gauche doit s’attaquer prioritairement aux mécanismes de la redistribution, à la part des salaires dans la valeur ajoutée, et doit imposer les revenus financiers déconnectés de l’économie réelle bien davantage que ceux du travail….
Si rénovation il y a, elle doit aussi réfléchir aux opportunités et risques ouverts par les technologies et aux défis que nous posent les évolutions démographiques, sans oublier, au niveau de l’emploi, la problématique complexe de la précarité, celle de la sous-traitance. Une réflexion sur l’étalement urbain et les mobilités devrait, à mon avis, faire partie de ces réflexions. Elle doit aussi fonder les taxes à la consommation d’abord sur les dégâts environnementaux, l’accessoire et le luxe.
Société plurielle, les défis de l’intégration ou du “vivre ensemble” restent à creuser, de même que ceux de la santé (et notamment les nouvelles maladies du travail (stress et TMS), préventifs autant que curatifs.
Une rénovation politique doit repenser nos systèmes ségrégatifs de logement et d’éducation, mais pas dans une logique comptable et de privatisation comme le fait M. Darcos. Elle doit envisager les moyens de faire de la matière grise notre matière première principale. Elle doit affirmer la synergie entre le social et l’économique et promouvoir les solidarités. Ele doit enfin ériger comme priorités les conditions de vie des plus défavorisés.
Hélas, je ne vois pas grand chose de tout cela dans la bataille actuelle des dites “grandes” motions du PS.
A lire: “La veuve de Carpentras prise au piège”, (Le Monde ), d’où il ressort in fine (1) qu’il y aura toujours des jeux à la limite de l’escroquerie dans lesquels les financiers se seront prodigeusement enrichis avant de laisser l’ardoise aux contribuables et (2) qu’il faudra s’habituer à ce type d’évènements. Du moins si l’on en croit les banquiers centraux censés se caler sur l’intérêt général.
A lire aussi: la tribune d’H. Weber dans Le Monde. “Les libéraux apparaissent pour ce qu’ils sont : des idéologues qui stigmatisent l’intervention de l’Etat en période de vaches grasses, mais qui exigent au contraire son secours massif dès que se lèvent les tempêtes que leurs politiques ont contribué à déclencher” .