Il est des actualités qui se percutent et dont le bruit du choc a de quoi nous rendre sourd et idiot.
1) Un projet de loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l'exclusion est en débat au Sénat e à la une du site de cette noble assemblée.
Que nous dit l'exposé des motifs de ce projet de loi ? « Face à une crise du logement profonde qui s'était étendue dans toute la France, contribuant à la hausse des prix immobiliers et des loyers (...) Plusieurs dispositions ont traduit la volonté du législateur d'intervenir fortement pour favoriser la construction de logements. » On se souvient effectivement ces discours aux relents gaulliens où l'on nous annonçait des lendemains qui chantent et notamment des incitations à construire et la perspective d'un accès à la propriété élargi à une plus grande partie de la population. « C'est ainsi qu'en 2007, le nombre de logements mis en chantier a atteint le chiffre de 435 000, record inégalé depuis trente ans. Cette même année, plus de 100 000 logements locatifs sociaux ont été financés, à comparer à 42 000 en 2000. Pour autant, la forte croissance passée des prix immobiliers montre que les aides publiques ne peuvent suffire tant que des blocages importants persisteront dans la chaîne qui, de l'hébergement d'urgence au logement, privé ou social, locatif ou en accession, doit permettre de répondre à ce besoin fondamental : donner un toit à chacun. Certains territoires, notamment en Île-de-France, sont particulièrement touchés par ces blocages et concentrent les pénuries de logements et les difficultés à se loger à un prix abordable. Le présent projet de loi a pour ambition de libérer l'offre de logements et de rétablir le bon fonctionnement de la chaîne du logement, en concentrant les interventions de tous les acteurs - État, collectivités territoriales, associations, professionnels publics et privés - autour d'axes prioritaires en nombre limité, permettant de parvenir à un niveau de construction tendant vers 500 000 logements par an et à une production de 120 000 logements locatifs sociaux, de faire du logement un chantier national prioritaire et d'augmenter le nombre de ménages propriétaires.» A la lecture de cet exposé préalable, on se prend à rêver et à croire que les discours peuvent se transformer en actes lorsque la volonté politique est là ...
2) L'élection de Gérard Larcher à la présidence du Sénat a permis de constater que le finalement sympathique Jean-Pierre Raffarin n'avait pas que des amis dans cette assemblée qui préfère conserver ses airs de grande dame et se choisir un homme tranquille. Cela aura été l'occasion de revenir sur la petite polémique autour du droit au logement à vie au cœur de la Capitale que l'ancien président Christian Poncelet manifestait encore jusqu'il y a peu vouloir conserver coûte que coûte. Finalement, il semble que la morale soit sauve ...
3) La crise financière se révèle être un merveilleux levier permettant de découvrir des informations dont nos autorités se seraient bien gardées de nous faire part autrement. Par exemple : comment on fait pour trouver 3 milliards d'euros pour racheter une banque privée alors que quelques jours avant le même Gouvernement défendait l'idée que l'on ne pouvait pas trouver la moitié de cette somme pour financer le projet du RSA. Ainsi, en est-il aussi avec les excédents des dépôts du livret A dont on nous dit aujourd'hui qu'ils pourraient servir à renflouer l'économie française. Sur le principe, j'ai déjà du mal à comprendre, mais bon, il suffit de se dire que cela servira à éponger les dettes des entreprises et que cela leur permettra de payer leurs salariés. Non ce qui est choquant c'est que cet excédent devait servir au financement du logement social, et qu'il est déjà choquant de constater l'existence de cette situation au moment même où le Gouvernement présente un projet de loi visant à résoudre la crise du logement des citoyens les moins favorisés.