Copyright © Apprendrelabourse.org - Le CAC
40 termine en légère hausse alors que le Dow Jones reperd un peu de terrain dans l'attente de l'examen tout à l'heure dans la nuit du plan Paulson 'revu et corrigé' par le Sénat et ensuite
sans doute par la Chambre des Représentants. L'Euro après une chute historique hier est passé ce jour sous les 1,40 $ avec l'entrée de la crise bancaire au coeur de l'Europe et le réflexe de
sécurité de repli vers le dollar qui opère à mesure que les USA enregistrent des rapatriements de fonds en 'urgence' ou à titre de sécurité. Les indices d'activité du secteur manufacturier
européen, français, allemand et anglais sont ressortis encore en baisse aujourd'hui comme celui aux USA.
Voilà autant de données qui sont détaillées habituellement chaque soir mais qui ne le seront pas aujourd'hui car elles passent très largement à l'arrière-plan de la mesure évoquée hier
soir en Irlande de garantir en totalité le système bancaire et financier pour un montant absolument gigantesque qui dépasse de loin le PIB de ce pays.
Le premier ministre irlandais dit avoir le soutien de la France, qui préside l'Union Européenne actuellement, pour la mise en place d'une telle mesure. Selon l' Irish Times, les spéculations vont
bon train pour l'adoption d'une mesure comme celle-ci en Angleterre mais aussi en France. Un démenti a été apporté par le Ministère des Finances jugeant le système bancaire français
suffisamment solide pour ne pas avoir besoin d'une mesure d'exception comme celle-ci.
Si aucun euro ne sera perdu selon les autorités françaises, élément évoqué de manière implicite verbalement , les irlandais avec une loi en la matière pour garantir très largement rendent la
chose 'explicitement légale'.
Qu'en est-il ?
Nous avons réalisé à de nombreuses reprises ici de longs passages dans des articles pour dissocier les termes crise financière, boursière, récession, monétaire etc qui s'entrechoquent un peu
chez tout le monde lorsqu'une crise apparaît d'autant que les mots 'Krach' et 'Lundi noir' sont assez mal définis habituellement et renvoient à des émotions fortes.
Le profil de la crise et de son diagnostic portent essentiellement dans sa comparaison historique vers la panique de 1907 et les crises du même type qui ont eu lieu au XIX ème siècle.
C'était ce que j'évoquais entre autres mi mars lors de la faillite de Bear stearns dans Fed - Banques Centrales - Système financier : Nouvelle ère ou retour aux sources ? ou encore il y a 13 jours en arrière dans Crise financière : mesures conservatoires contre la panique générale ou il y a un an lors de l'épisode de la faillite de Northern Rock Northern Rock : La perte de confiance gagne les épargnants anglais en plein
week-end et enfin les différences entre les notions
de 'panique' et de 'faillite' spécifique au monde bancaire et financier dans La planète finance au
seuil de la panique en début
d'année.
Chacun perçoit aujourd'hui un peu les réalités de ces notions qui vous ont été délivrées très tôt et qui sont distinctes
de la notion de 'récession' qui elle a trait à l'économie et qui la surpassent complètement à quelques moments clefs comme vous pouvez la constater. La récession est angoissante mais la
peur qu'une panique ne survienne lui est bien supérieure, il suffit de voir les réactions rapides des états depuis quelques jours.
La crise actuelle s'intègre ainsi dans l'histoire non pas seulement en terme de Krach ou de récession, le premier mot étant surtout boursier, le second surtout
économique mais à trait aux "paniques" comme le Wall Street Jounal en a fait la synthèse il y a quelques jours en
faisant référence aux paniques de 1792, de 1907, à la grande dépression et à l'épisode des Saving & Loans des années 80. L'analogie était déjà présente pour ce
journal dès août 2007 et à nouveau ces derniers jours pour amener des points de comparaison permettant d'évaluer les décisions qui sont prises aujourd'hui par rapport à cette
panique historique de 1907 à laquelle la situation actuelle renvoie de plus en plus nettement et pour de plus en plus de monde alors que cela n'était enfui jusqu'ici qu'au sein des
spécialistes de l'économie bancaire, du crédit ou les historiens de l'économie.
A plusieurs reprises également a été évoqué le cas 'suédois' qui fait figure de réussite dans le traitement d'une crise bancaire massive (cf. par exemple tout récemment :
Crise financière : les jokers de l'Etat US) Vous pourrez lire avec profit "La solution suédoise à la crise des années 1990"
(source : Le monde)
Extrait :
"GARANTIE DE L'ETAT"
Mais à l'automne 1992, cela tourna au cauchemar. Récession, effondrement du marché de l'immobilier, perturbations sur le front des devises, la catastrophe était là. Il fallait frapper fort et
large. "Nous avons tout simplement décidé de donner la garantie de l'Etat pour tous les crédits des banques. Tout serait payé. Nous avions carte blanche sur le plan financier du
Parlement, se rappelle M. Lundgren. Mais pour chaque couronne que nous mettions, nous voulions la même influence. C'était une façon d'éviter que les banques ne profitent de la
situation."
Voilà ce qu'essaye de faire (un peu) le plan Paulson (voir également le très bon article de Jean-François Couvrat 'Un plan à la suédoise pour conjurer la crise') et .... voilà ce qu'ont décidé hier les irlandais !
Dans une grande étude tout récemment réalisée par le FMI qui a étudié 42 crises bancaires dans 37 pays de 1970 à
2007 (document de 80 pages téléchargeable en fichier Pdf intitulé 'les crises bancaires systémiques : une nouvelle base de données) il ressort à nouveau que la crise suédoise des années 90 a permis grâce à la mise en place d'un fond et d'un plan de
garantie de sortir d'une telle crise. En moyenne, l'étude montre que le coût représente 16 % du PIB du pays considéré.
La problématique en Europe est que de petits pays sont confrontés à des géants bancaires qui dépassent leur capacité financière et l'Irlande a été plongée, alors qu'elle est déjà la première
économie à être entrée en récession dans la zone Euro, dans un marasme immobilier et bancaire tel qu'un plan de sauvegarde global s'est imposé.
Selon l'AFP: La ministre française de l'Economie Christine Lagarde plaide pour la création à l'échelle
européenne d'un fonds commun dans lequel puiser pour éviter toute faillite bancaire, selon une interview à paraître jeudi.
"Que se passerait-il, si un Etat de petite
taille était confronté à la menace d'une faillite bancaire? Peut-être n'aurait-il pas les moyens de sauver l'institut concerné. Se pose alors la question d'une solution de secours européenne", a
dit Mme Lagarde au quotidien Handelsblatt, selon des extraits communiqués à l'avance. Ceci a été ensuite démenti catégoriquement par la Ministre (AFP)
Tout ceci se fonde néanmoins sur une étude mise en ligne en commentaire il y a quelques jours : 'les banques européennes : trop grosses pour être secourues ?' ou avec l'étude de Allen, professeur
à Wharton qui évoque la nécessité de mettre un plan européen en place.
Alors que chacun se focalise sur la crise bancaire, il convient de bien comprendre que si les états arrivent aujourd'hui à calmer le jeu sur les banques, ils s'affaiblissent eux-mêmes comme
différents éléments relatés ces derniers jours en ont montrés les prémisses notamment via les taux d'emprûnt en hausse auxquels certains pays sont soumis dorénavant.
"la transmission en chaîne du mouvement (des faillites personnelles et des saisies immobilières) est elle possible jusque ..jusque tout en haut ? Je ne sais pas si la faillite globale est
proche mais préparons nous au pire même s'il n'est jamais certain et nous n'aurons que de bonnes nouvelles" telles étaient mes interrogations et la piste que je vous proposais de suivre avec
vous, il y maintenant plus de 2 ans dans le 1er édito.
Nous sommes arrivés 'tout en haut', certes au niveau de la porte d'entrée, mais tout en haut tout de même.
L'Etat n'est pas cet 'ailleurs' ou cette 'alternative' que nombre de théoriciens mettent en avant en tant que 'providence' ou 'dernier recours' fatalement salvateur et 'idéal'. En terme de
risque, de crédit ou de faillite, c'est juste le stade ultime, l'aboutissement d'un chemin de faillites, le niveau supérieur de notre organisation car l'état est l'agent économique le plus
fort devant les ménages ou les entreprises. Mais sur le fond cela revient à nous tous à garantir notre propre épargne et nos propres crédits, en tant que citoyen et contribuable
d'Etats ayant déjà peu de marges de manoeuvre, aboutissement de 25 à 30 ans de déficits cumulés et d'une charge de la dette souvent importante suivant les pays. C'est une garantie
purement formelle, psychologique, une garantie qui n'existe pas réellement en terme financier puisqu'il s'agit là en quelque sorte de s'assurer soi-même. Certains états ont fait
faillite à travers l'histoire à prendre trop d'engagements.
Gageons que les décisions actuelles seront de nature à nous rapprocher du cas suédois de sortie 'heureuse' à terme.
On redécouvre tous que le risque zéro n'existe pas où que ce soit, chez qui que ce soit. Finance de marché moderne
et ultra-sophistiquée ou grands états, la terre ferme se rappelle à tout un chacun. C'est la crise du retour au bon sens.