Magazine
J’étais entré chez mon disquaire habituel avec quelques références notées sur un bout de papier, des nouveautés bien juteuses dont j’attendais mille bonheurs. Hélas ! Si mes sources étaient fiables, j’étais en avance sur la date de parution prévue. Venir jusque là et repartir les mains vides, c’était comme entrer dans une pâtisserie et en ressortir sans rien acheter sous le prétexte, bien faible, qu’il n’y avait pas LE gâteau que je désirais. Mais il y en avait tant d’autres qui attendaient que je leur fasse un sort ! Je refis un tour des gondoles l’œil ouvert à toute propositions alléchantes quand à la lettre M mon regard fût attiré par un vieil album dont j’avais presque oublié l’existence puisque nous ne nous étions plus confrontés depuis que j’avais bazardé, le cœur gros, ma collection de vinyles. Dans le bac des John Mayall l’album Back To The Roots se rappelait à mes bons souvenirs, sachant qu’un Mayall ne peut jamais être mauvais, j’en fis l’emplette. L’album que je connaissais datait de 1970, ici la version était remasterisée et augmentée de quelques bonus de 1988 ajoutés lors de sa ressortie. Faut-il encore répéter que Mayall est l’un des pères du Blues Boom anglais des années soixante et qu’il fût le révélateur de talents entrés depuis dans la postérité. D’ailleurs sur ce disque on retrouve des gens comme Eric Clapton, Mick Taylor ainsi que des cadors comme Larry Taylor, Harvey Mandel, Sugarcane Harris ou encore Mark Almond. En vous donnant l’affiche, j’ai tout dit. Néanmoins pour ceux qui n’auraient pas encore compris, sachez que sur de nombreux titres Clapton et Taylor (Mick) se partagent les guitares mais que sur Accidental Suicide ou Force Of Nature, Harvey Mandel se joint à la partie (partouze ?). Que souvent Sugarcane Harris apporte sa touche de violon pour nous replonger dans l’ambiance feutrée de l’album USA Union. Nous ne sous-estimerons pas l’impact du jeu de basse de Taylor (Larry) souple et musclé à la fois, l’un de mes bassistes préférés, pilier du fameux groupe Canned Heat. Les flèches décochées par l’harmonica de Mayall vous ferons rugir de plaisir, alors qu’à la batterie c’est le père Keef Hartley (je sens que je ravive des souvenirs anciens pour certains…) qui assure aux baguettes. Nous sommes en 1970, donc les bides n’ont pas encore arrondis les tailles des uns, le succès n’a pas encore amolli le talent des autres, l’époque est à la musique pour la musique, bref vous avez enfin compris, un bon disque bien jouissif et complètement intemporel.