Entre les deux pôles que sont Crans et Montana, lit-on dans AFFAIRES PUBLIQUES, “une zone en forme de cuvette, restée relativement épargnée par l’urbanisation, constitue un poumon vert qui invite à la promenade et à la détente.” Le journaliste Pierre-Henri Badel a parcouru la station avec l’architecte Isabelle Evéquoz qui lui a expliqué les enjeux, les difficultés administratives nées de la découpe verticales entre les six communes. Crans-Montana ne disposait pas jusqu’ici d’un plan d’aménagement. “Tout y est vraiment fragmenté. Nous aimerions tisser des sturctures tous ensemble et peut-être faire sauter certaines barrières”, note Isabelle Evéquoz.
Les attentes du tourisme du XXIe siècle
Chargée par l’Association des Communes de Crans-Montana (ACCM) de piloter un groupe d’architectes planchant sur ce projet, Isabelle Evéquoz avec ses collègues ont eu pour objectif essentiel d’apporter davantage de cohésion dans les interventions ponctuelles des différentes communes concernées afin de préparer la station à répondre aux prochaines attentes du monde du tourisme. En gros, résume AFFAIRES PULIQUES, il s’agit d’éviter que la station se vide de ses résidents par manque de vision prospective.
Le groupe a donc travaillé au sein du Plan directeur intercommunal (PDI) en commençant par établir un inventaire du patrimoine et réfléchir comment parvenir à une meilleure cohérence. “Car le réel défi se situe bien à ce niveau, écrit Pierre-Henri Badel: il faut mettre ce haut plateau en valeur tout en tenant compte des spécificités de chaque pôle urbain et en conservant et pérennisant ce qui a modelé son histoire.” Et Isabelle Evéquoz d’expliquer comment, avec un jardin urbain, on pourrait relier les deux pôles de la station. “Cent ans après la naissance de la station, nous avons encore l’opportunité de le faire.”
Un poumon de verdure
Concrètement, il faudrait dès lors commencer par mettre en valeur la zone de verdure encore épargnée du côté d’Ycoor et du lac Grenon. Une promenade pourrait servir de lien entre Crans et Montana, comme un trait d’union. “Il s’agit de lui donner une fonction et d’y apporter davantage d’animation en vue d’inciter les touristes à prendre possession de ce poumon de verdure”, écrit Pierre-Henri Badel.
“Notre mission, explique Isabelle Evéquoz, est de réanimer le centre en faisant en sorte que les gens se promènent plutôt qu’ils prennent leur voiture pour se rendre d’un point à un autre des zones commerçantes. Il faut inverser la hiérarchie voitures-piétons. En un mot, éviter le transit des voitures à travers le centre, car, pendant la haute saison, 15’000 voitures y circulent.”
Le magazine poursuit l’explication en disant qu’un paysagiste a été chargé d’ébaucher puis d’affiner la vision concernant l’espace paysager situé au cœur de la station. Il a relevé les essences déjà en place et soumettra des propositions pour qu’un véritable jardin urbain prenne forme au sein du patrimoine bâti de la station, tout en mettant en valeur la beauté des lacs.
Souligner la nouvelle identité de la station
AFFAIRES PUBLIQUES explique qu’en plus d’un aménagement cohérent, “quelques interventions ponctuelles pourraient souligner la nouvelle identité de la station: interrompre le trafic automobile en certains endroits pendant la haute saison et apporter des aides incitatives pour que certains hôtels familiaux puissent être modernisés par leurs propriétaires. Cela éviterait qu’ils fassent l’objet d’une pure opération financière et immobilière en vue de les transformer en apparthotels désertés pendant la plus grande partie de l’année.”
Pierre-Henri Badel souligne que les changements proposés par le groupe d’architectes mandaté “impliquent aussi l’aménagement, ou le réaménagement, des portes d’entrées de la station.” Et de rappeler que de nombreuses routes amènent les gens à Crans-Montana et incitent à se déplacer en voiture. Des idées pour la réorganisation de la circulation des transports publics germent dans la tête des architectes et urbanistes. Par exemple en utilisant des véhicules plus petits que les engins de fortes capacités qui encombrent les rues. “Une fois que vous êtes arrivés en haut du funiculaire, relève Isabelle Evéquoz, vous êtes un peu largués au milieu de nulle part.”
Dissiper certaines réticences
AFFAIRES PUBLIQUES ne nous cache pas qu’il s’agit de dissiper certaines réticences des habitants qui estiment que les nouveaux aménagements vont leur compliquer la vie au quotidien. Au contraire, rétorque Isabelle Evéquoz, la revitalisation du centre due à la déambulation des piétons va donner un second souffle aux commerces. De nouveaux magasins et services de proximité feront leur apparition. “A condition que les rues soient animées”, ajoute l’architecte. Pour elle, il s’agira de changer certains règlements communaux (ceux de l’ensemble des rues concernées par le projet), et de suggérer d’éviter par exemple la fermeture des magasins pendant la pause de midi. Les hôtels devraient s’ouvrir plus aux clients extérieurs, étendre leurs terrasses sur la voie publiques dès l’instant où il n’y aurait plus de voitures parquées ou en transit. Les giratoires qui sont le témoin du tout-à-la-voiture, écrit Pierre-Henri Badel, devrait aussi marquer le pas, car ils sont peu engageants pour les piétons.
- Source: AFFAIRES PUBLIQUES, magazine des décideurs de la fonction publique, édition du 29 septembre 2008.