Mercedes Roffé/Paysage

Par Angèle Paoli
« Poésie d'un jour
choisie par Cécile Oumhani

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PAYSAGE

Composition (à prédominance) naturelle
avec une certaine intention ou (coïncidence) esthétique
harmonique ou naïve, romantique ou sinistre
vivace ou spectrale
bigarrée ou dégagée
― où le ou n’exclut pas : il accumule ―
de toute façon
pampa avec arbre
mer dans la tempête
terrain d’irrigation suisse avec tracteur au fond
muraille crénelée et en biais, en carré ogive
champ vert ondoyant et hameau
roche rouge
terre de houille noire
fer
autoroute goudronnée
olivaie d’un vert intense / troncs d’un marron calciné
vache
coucher de soleil
― peut-être en surimpression
un peu trop rapproché mon visage
de la vitre ―
nuages, nuages
troupeau retardataire dans la plaine bleue
et en bas
telle une toile marquée par un tailleur
― au point floche ―
trapèzes de terre labourée
d’un jaune paille
terre cuite
gris
asphalte
Un peu plus : granit
[…]

Mercedes Roffé, Définitions mayas, Montréal, Éditions du Noroît, 2005. Édition bilingue espagnol-français. Traduit de l’espagnol par Nelly Roffé. Préface de Hélène Dorion.


PAISAJE

Composición (predominantemente) natural
con cierta intención o co(i)nci(d)encia estética
armónica o naïve, romántica o siniestra
vivida o espectral
o bigarrada o escueta
― donde la o no excluye: acumula ―
en todo caso
pampa con árbol
mar en tempestad
regadio suizo con tractor al fondo
muralla almenada y en sesgo, en ojival recuadro
campo verde ondulado y caserio
roca roja
tierra negra de hulla
hierro
alquitranada autopista
verde olivar intenso / troncos de un marrón calcinado
vaca
puesta del sol
- sobreimpresa quizás
un poco demasiado cerca mi cara
en el cristal ―
nubes, nubes
manada morosa por el llano azul
y abajo
como una tela marcada por un sastre
― punto flojo ―
trapecios de tierra arada
amarillo reseco
terracota
gris
asfalto
un poco más : granito
[…]

Mercedes Roffé, Definiciones mayas, New York, Pen Press, 1999.



LANDSCAPE

(Predominantly) natural composition
with certain aesthetic co(i)nci(d)ence or intent
either harmonious or naïve, romantic or uncanny
vivid or spectral
crowded or succinct
- where the “or” doesn’t exclude; it adds
at any rate
pampa with tree
tempest in the ocean
Swiss farm with tractor in the background
crenelated wall and slanted, in a Gothic frame
green and undulating field and hamlet
red rock
coal-blackened soil
iron
tarred highway
dark-green olive grove / charred-brown logs
cow
sunset
― and somehow overprinted
may be too close my face
in the crystal ―
clouds, clouds
sluggish herd through the blue prairie
and below
like a piece of cloth sewn by a tailor
― basting thread ―
trapezes of plowed soil
dried-up yellow
clay
charcoal
asphalt
even more : granite
[...]

Mercedes Roffé, Like the Rains Come, Selected Poems 1987-2006, Exeter (England), Shearsman Books, 2008. Translated by Janet Greenberg.


BIO-BIBLIOGRAPHIE (établie par Cécile Oumhani)

  Née à Buenos Aires en 1954, Mercedes Roffé vit depuis plusieurs années à New York, où elle a fondé en 1998 sa propre maison d'édition, Pen Press, dédiée à la publication de poètes contemporains de langue espagnole, ou de poètes étrangers traduits en langue espagnole.

  Mercedes Roffé est l’auteure de nombreux recueils de poèmes marqués à la fois par l’héritage latino-américain et par la quête de formes nouvelles. Traversés par l’interculturalité, ses poèmes témoignent d’une exigence formelle qui laisse aussi place à l’émotion.

  Ses poèmes ont été traduits et publiés dans de nombreuses revues expérimentales et elle est fréquemment invitée à des Festivals internationaux (Colombie, Argentine, Espagne, Roumanie, USA,…). Elle a aussi reçu une Bourse de la Fondation John Simon Guggenheim en 2001. Une anthologie de ses poèmes est parue en Italie en 2004 (L’algebra oscura, Bari, Quaderni della Valle. Traduzione di Emilio Coco), une autre en Espagne en 2006 (Tenerife, Colección Atlántica de Poesía) et la toute dernière au Royaume Uni en 2008 (Shearsman Books).

  Dans la préface de la traduction française de Définitions mayas, Hélène Dorion écrit : « L’esprit donc. Mais aussi la chair. Et le cœur. La poésie, pour Mercedes Roffé, est tout cela. Elle est ce flot de conscience qui englobe l’être entier, l’histoire, la culture. Surtout, elle est un processus permanent de lecture du monde. »


Bibliographie :

  En espagnol :

Poemas, Madrid, Síntesis, 1977 ;
El tapiz, bajo el heterónimo Ferdinand Oziel, Buenos Aires, Tierra Baldía, 1983 ;
Cámara baja, Buenos Aires, Último Reino, 1987 ; Santiago de Chile, Cuarto Propio, 1996 ;
La noche y las palabras, Buenos Aires, Bajo la luna llena, 1996 ; Santiago de Chile, Cuarto Propio, 1998 ;
Definiciones Mayas, New York, Pen Press, 1999 ;
Antología poética, Caracas, Pequeña Venecia, 2000 ;
Canto errante, Buenos Aires : tsé-tsé, 2002 ; Memorial de agravios, Córdoba, Alción, 2002 ;
La ópera fantasma, Buenos Aires, Bajo la luna, 2006 ;
Milenios caen de su vuelo, anthologie, Tenerife, Colección Atlántica de Poesía, 2006.

  En français et en anglais :

Définitions mayas et autres poèmes, édition bilingue espagnol-français, Éditions du Noroît, 2004. Traduction de Nelly Roffé.
Like the Rains Come, Selected Poems 1987-2006, Exeter, UK, Shearsman Books, 2008. Traduction de Janet Greenberg.



Voir aussi :
- (sur le site Las Afinidades electivas) plusieurs poèmes (en espagnol) de Mercedes Roffé issus du même recueil.
Écouter aussi :
- une interview (en anglais) [27min57] de Mercedes Roffé par Leonard Schwartz (l'on y entendra Mercedes Roffé dire en espagnol certains de ses poèmes).



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