Les clubs d’exhibition de strip tease avec port du string ou avec le sexe totalement à découvert, gagnent du terrain au Cameroun. Autrefois courus par les occidentaux, aujourd’hui, les africains s’y adonnent à cœur joie.
Carrefour Paris dancing à Akwa à Douala. Il est 22 heures ce samedi. Des véhicules de toutes marques sont garés devant le « St père », un complexe qui compte une discothèque et une gogo dance où a lieu tous les jours, des exhibitions de strip tease. L’accès à la discothèque est conditionné par le paiement d’un ticket. Tout le contraire de la Gogo dance ouverte à tout buveur. La petite allée tapissée qui y mène s’ouvre sur une grande salle rectangulaire avec des sièges disposés sur le pourtour. Deux bars parés de miroirs et où sont exposés des vins et liqueurs de toutes marques, ravivent le décor. Au centre de la pièce, un comptoir rectangulaire avec tout autour des chaises adaptées, reçoit des clients séparés d’environ 50 centimètres des serveuses, et à environ un mètre d’un podium de même forme.
Long de près de six mètres, avec trois poteaux en métal, ce podium a été conçu pour les exhibitions de strip tease, spécialité de ce bar appartenant à des indo-pakistanais. Sous un air de disco, deux jeunes filles chaussées de bottillons, et abhorrant des strings à corde, se donnent en spectacle. A cette heure de la nuit, la moitié des clients est constituée de personnes de race blanche. Au moindre geste du postérieur de l’une des danseuses ou à une démonstration qui laisse apercevoir un trait du sexe, des têtes se réajustent. Les clients de race blanche semblent être les plus attentifs. Flanqués de lunettes, cigarettes aux lèvres pour la plupart, ils n’entendent rien rater du spectacle pendant que de jeunes prostituées les caressent la poitrine et le sexe.
Des jeunes filles effilées ou voluptueuses, à la poitrine plus ou moins généreuses se relaient ainsi toutes les heures sur ce podium. Leurs pas de danse cadencés et rythmés de mouvements qui interpellent tout le corps frisent la séduction. Le client satisfait, acquiesce de la tête et interpelle la danseuse qui se rapproche. Il lui glisse alors quelques billets de banque dans le string. Les mouvements qui simulent l’acte sexuel sont les plus captivants. Ils s’accompagnent chaque fois des youyous dans la salle et d’un mouvement de billets. Deux heures plus tard, à 24 heures, les Noirs sont de plus en plus nombreux. A cet instant précis, un jeune homme de race blanche déjoue la sécurité et se retrouve sur le podium. Après quelques minutes d’exhibition, il se sépare de tous ses vêtements et exhibe sa verge. La salle exulte et applaudit. L’homme se rhabille et quitte la scène non sans avoir gratifié les danseuses de quelques sous. “C’est impressionnant quand tu y assistes pour la première fois, mais après l’engouement tombe car, ce sont toujours les mêmes visages et les mêmes pas de danse”, explique un client habitué des lieux. Le spectacle commencé à 19 heures s’étend ainsi jusqu’à 4 heures tous les jours.
Autres lieux, autres réalités
Spectacle identique tous les jours dès 22 heures dans le bar de l’hôtel Fortuna à Bessengué. Là clientèle de ce soir, toute africaine apprécie le spectacle que donne une jeune fille ronde, le sexe à découvert. Son corps enduit d’huile scintille sous l’effet de la chaleur. Avec la dextérité d’une athlète, elle fait un bond, récupère son slip déposé non loin et fixe du regard un coin de la salle. Là, les clients qui connaissent la suite baissent la tête, craignant d’être choisi. Encore deux bonds et elle s’immobilise devant un infortuné, lui enfile le slip à la tête et s’assied sur ses pieds. La salle exulte. “Paie… caresse…tu es servi…attrape son sexe”, entend-on dans la salle. L’animateur de la soirée, du fond de sa cabine joue les reporters. Elle ne le libérera qu’après qu’il l’ait gratifié d’un billet de 1000 Fcfa.
Ce type de scène se multiplie avec d’autres clients. Cette fois, une dame pourtant accompagnée de son compagnon est la cible. La danseuse d’un signe de la main fait débarrasser sa table par une serveuse. Elle s’en sert alors comme estrade, s’y pose et entraîne la tête de la femme dans ses entrecuisses. “Lèche…ça c’est le secret des lesbiennes….ouhh…. c’est bon?…”, lancent les clients. Le tout agrémenté par l’animation du Disc Jockey qui trouve les mots justes pour expliquer la scène. La danseuse disparaît un instant. Elle est aussitôt relayée par une de ses collègues.
Des clients sont alors à chaque fois approchés et doivent subir les caprices de ses filles. Quelques courageux ne manquent pas de les solliciter. Un jeune homme, d’un signe de la main en interpelle une. Sans perdre de temps, la strip teaseuse saute sur ses jambes, envoie la main sous les vêtements et caresse le sexe. Elle se relève ensuite et lui enfourche la tête dans l’entrecuisse. La salle explose de cris. Satisfait, il la gratifie de 2000 Fcfa.
Une pratique pourtant interdite.
Les exhibitions de strip tease ont été introduites au Cameroun au début des années 90 par des expatriés. Commencées à Douala et Yaoundé, les deux principales métropoles, elles gagnent progressivement les villes secondaires. “Les gens sont très intéressés et cela justifie la création des nouveaux clubs dont le nôtre”, confie un personnel du Maxim’s Night club, une discothèque où a lieu deux fois par semaine des exhibitions. Les hostilités commencent ici après 24 heures et sont assurées par des filles aux rondeurs remarquables. Mamelles au vent, le sexe à découvert, les danseuses du Maxim’s font le tour des tables, taquinant au passage quelques hommes. La spécialité de ce club fréquenté presque exclusivement par des Noirs est la simulation de l’acte sexuel avec des bouteilles.
Une pratique très appréciée par les hommes qui réagissent à chaque fois par des salves d’applaudissement. Les danseuses introduisent à chacun de leur passage sur scène le bout d’une bouteille dans leur sexe et l’accompagnent des mouvements de va et vient. Les clientes dépitées se couvrent alors la face des deux mains pendant que les hommes gratifient les danseuses de quelques sous. La pratique du strip tease tout comme la création des clubs d’exhibition sont pourtant interdites au Cameroun. Les autorités font ainsi souvent fermées ces clubs qui malgré tout réussissent toujours à coup de bakchich à reprendre leurs activités.
Charles Ngah Nforgang.
Eclairage; Dr Louis René Kemayou, sociologue
Qu’est ce qui explique l’engouement des africains pour le strip tease?
Dr Louis René Kemayou: Nous avons pris l’habitude en Afrique de mimer l’occident. Les mêmes cause produisant les mêmes effets , nous avons adopté depuis la colonisation les modes de vie occidentaux et à force de vouloir les reproduire, nous avons fini par accepter des pratiques qui jusqu’à hier paraissait inconcevable sur le continent. On peut concevoir qu’aujourd’hui pour faire moderne qu’on puisse rentrer dans des boites où sont offert des exhibitions de strip tease. C’est tout simplement la conséquence de ce que nous africains d’aujourd’hui voulons entrer dans ce qu’on appelle la modernité .Raison pour laquelle, il faut épouser la culture occidentale qui se veut moderne sous toutes ses couleurs.
Pourquoi aujourd’hui plus que hier?
A partir du moment où nous avons réussi à tourner complètement le dos à la culture africaine qui guidait nos actes, et qui contient des interdits pour embrasser la “modernité”, alors on peut comprendre que nous soyons plus disposé aujourd’hui plus qu’il y’a 10, 20, 30 ans à pouvoir accepter ces pratiques qui pour nos parents relevaient tout simplement du non sens.
Doit-on craindre à la longue des conséquences?
Pour les trip teaseuses qui sont pour la plupart de très jeunes filles, on peut craindre que ce soit là une porte ouverte vers la prostitution. S’agissant des spectateurs, l’exposition à ces pratiques traduit une certaine dépravation des mœurs.
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