Rumba

Par Rob Gordon
Même si cela peut sembler facile, on ne peut s'empêcher de citer les mots d'Alain Souchon : "Y a de la rumba dans l'air / le smoking de travers / j'te suis pas dans cette galère / ta vie tu peux pas la faire". Le film d'Abel, Gordon et Romy colle parfaitement à ces paroles aussi dansantes que désabusées. Ça commence comme on s'y attend, avec ce couple de grands échalas qui s'entraîne pour un concours régional de rumba et se rend tant bien que mal sur le lieu de la compétition. Ensuite, Rumba dérive tranquillement vers autre chose, avec un rebondissement sombre et déprimant, qui va totalement modifier l'existence des personnages. Il y a de quoi rire de pas mal de ces tableaux burlesques et muets, mais on peut également attraper un gros cafard devant la destinée misérable de ces deux amoureux blessés.
Plus drôle et rythmé que L'iceberg, leur premier film qui sentait un peu trop le "regardez comme on est les héritiers de Tati", Rumba n'est cependant pas exempt de défauts, peinant notamment à maintenir la jolie frénésie de début de métrage. À mesure que Dom et Fiona s'enfoncent dans les ennuis, le film s'enlise lui aussi et semble presque trop long malgré sa très courte durée (1h10). Et si ce comique est majoritairement visuel, il est malheureusement très mal relayé par une mise en scène poussive. On comprend bien que le trio de réalisateurs ait souhaité donner dans le minimalisme, le plan fixe étant le meilleur moteur de ce type d'humour et d'univers. Cependant, cela n'excuse pas la laideur de l'image et les approximations du cadre. Abel, Gordon et Romy devraient en fait se contenter d'écrire et jouer dans leurs films, mais se délester de la réalisation au profit d'un cinéaste disposant d'un vrai regard ainsi que d'un savoir-faire technique. Emballée par un autre, cette rumba-là serait autrement plus emballante.
6/10