Deux articles récents de la revue Scientific American présentent les résultats de recherches effectuées sur l’origine et l’utilité sociale des ragots (”gossip” en anglais). L’un d’entre eux s’appelle “La Science du Ragot: pourquoi nous ne pouvons pas nous en empêcher” et l’autre, auquel je vais m’attacher plus complètement aujourd’hui s’intitule “Le pouvoir des mots“.
Pourquoi sommes-nous viscéralement intéressés à écouter les ragots que l’on nous propose ? La recherche scientifique nous explique aujourd’hui que les ragots jouent un rôle socialisateur important dans le renforcement des réseaux de relation. Tout comme le partage de nouvelles bonnes ou mauvaises à propos de nos amis proches renforce le lien avec les autres dans une optique de solidarisation, la diffusion de ragots négatifs permet de construire et de renforcer la morale du bien et du mal, en rendant public et partagés les jugements moraux fondamentaux.
Comme le suggère le pouvoir des ragots, les mots que nous choisissons forgent la compréhension individuelle et collective des problèmes complexes. Par exemple, si nous parlons de “guerre” contre le terrorisme, cela implique des solutions qui s’installent sur un champ de bataille. Mais si nous parlons de “crime” ou de ‘malaise”, cela suggère des approches différentes - et peut-être d’ailleurs plus efficaces - pour combatre un ennemi non institutionnel et intraçable. Chaque mot a ses bénéfices et ses inconvénients, et ils sont parfois plus efficaces lorsqu’on les utilise en combinaison comme l’expliquent Arie W. Kruglanski, Martha Crenshaw, Jerrold M. Post et Jeff Victoroff dans “Talking about Terrorism.”