« Alors que, carcasse inconsciente, on croit s’être mis à l’abris des assauts du souvenir, l’ivresse syncrétique plante ses barreaux, au détour de l’anodin. Profitant d’une nanoseconde de négligence, une note insurgée s’échappe du magma musical vomi par une station de radio française et renvoie à une soirée estivale solaire. »
Aude Walker, Saloon, Denoël, p. 80.
C’est à cause de cette prose bétonnée que je n’arrive pas à finir ce livre qui décidément se refuse à commencer. Il est ralenti par des mots rares – « sa face vultueuse » page 75 – et alourdi par des expressions précieuses, ainsi cette « cavité nasale » de la page 78, alors que « nez » aurait très bien convenu. Et je ne parle pas des vieux mots comme « godelureaux » (p. 86) que l’auteur tente vainement de réactiver dans une gouaille épaisse. Tout cela hélas ne donne pas un style (même si on a cité Bukowski et Cassavetes). Que l'auteur écoute du rap en écrivant n'est peut-être pas étranger à ce rythme de marteau-piqueur qui moi me fatigue.
Bloqué à la page 95 (sur 195), je décide finalement de reposer ce premier petit roman qui n’est pas si mauvais que ça, pourtant. Le début est très réussi : une mère revoit sa fille (la narratrice) qu’elle n’avait pas vue depuis des années, elle lui dit comme à une vieille copine égarée : « C’est incroyable de te voir ici, ça fait si longtemps ! ».