Il y avait ce serment muet que j’avais fait sans rien te dire, sans même espérer la réciprocité d’une promesse. Ce serment l’avais-je prêté seulement à moi-même ou t’était-il secrètement adressé?
Je caressais alors ton visage, un matin, dans les rayons de soleil qui commençaient à poindre. Tu dormais encore et je t’observais, frôlant avec ma main ta tempe. Je savais que ce moment était unique et quelconque. Je me disais que peut être nous nous séparerions, même si je ne le souhaitais pas alors, cette possibilité était ouverte. Elle était la possibilité même de notre relation. Je savais qu’alors, malgré toutes les raisons, tu me manquerais, ta singularité, quelque chose de toi auquel j’avais alors accès et que je sentais si proche ce matin-là.
Je me suis imaginé réfutant cette idée et essayant de colmater la souffrance de la séparation par la négation de ce que j’avais partagé avec toi. Toutes ces simplifications que les gens font habituellement pour pouvoir se séparer et qui se disent que finalement ça vaut mieux comme ça car il n’y avait rien, qu’une illusion d’amour, d’intimité, rien de valable. Ils refusent alors de voir la tournure des événements, leurs intrications et de finalement accepter que l’amour peut aussi se séparer. Ils oublient, par obstruction de la mémoire, ces intensités, ces douceurs, ces partages, tous ces petits moments. Ne pas oublier, ce serait peut être insupportable. Et à ce moment, à ce moment précis, ma main posée sur ta tempe et toi aimante, disponible, endormie, présente à mon regard, je me suis promis de ne jamais oublier ces moments, de ne jamais les réduire, les renier. De toujours en garder la mémoire. C’était une promesse de fidélité de ne jamais taire ce silence entre nous.