Voyeuse (mais pas équipée)

Publié le 30 septembre 2008 par Magda

Si vous voulez que je fasse de jolies photos pour Ce Que Tu Lis - et donc pour vous, hein - vous pouvez vous cotiser pour m’acheter ça. Mon anniversaire, c’est le 31 février. A bon entendeur, youpi.

Vous le savez, je suis une voyeuse (littéraire). C’est-à-dire que j’aime fouiller les bibliothèques des gens, regarder en douce ce qu’ils lisent sur les bancs publics, et que je n’hésite pas à balancer des questions intimes du type : “Si tu étais un livre, quel livre serais-tu?” au premier auteur venu. D’ailleurs, en lisant ce blog, vous admettez quand même un peu votre propre voyeurisme (littéraire). Non?

Alors voilà, chers amis lecteurs, quelques photos pas du tout autorisées de… non pas de Carla Bruni en train de manger un “Subprimes Deluxe” puis de se faire vomir en cachette pendant la fashion week de Sarajevo, mais de lecteurs dans le métro. Prises au téléphone portable naturellement - cela devient une habitude, c’est discret, vite dégainé, vite rangé. D’accord, ce n’est pas du Helmut Newton*, mais on s’en moque. Ce qui compte, ce sont les histoires.

Dante et la guitare des Alpes

Une guitare, immatriculée en Suisse, une paire de lunettes pour ses yeux fatigués de regarder la ligne bleue des Alpes, un sac à dos d’ado - pour cet homme grisonnant qui n’en est plus un depuis longtemps, et un roman, un pavé, un monstre d’histoire si lourd que notre lecteur se penche vers l’avant, entraîné par le poids des pages. Il est presque à la fin, le meurtrier est presque découvert, la femme adultère va mourir de sa passion coupable, l’enfant devient un homme, un oiseau saute de branche en branche, que sais-je encore, l’espoir renaît… ou bien tout est noir, roman incurablement gothique, descente aux enfers, Dante peut-être.

J’ai raté ma rame

Lui : Matthias, vingt-huit ans, ingénieur informaticien dans une grande banque d’une grande rue haussmannienne, ne lit que des classiques qui tiennent dans la poche, parce que la littérature doit pouvoir s’emporter partout, surtout la plus grande.

Elle : Hélène, vingt-six ans, professeur de sport dans un lycée du XVe arrondissement à Paris, boulimique de tous ces livres qui sortent et n’en finissent pas de sortir, parce que la littérature doit vous accompagner tout le temps, à chaque moment de votre vie.

Lui : aime les grandes blondes athlétiques qui lisent le soir pour s’endormir et boivent de la tisane de fenouil.

Elle : adore les bruns en forme de tige surmontées de cheveux fous avec des lunettes qui donnent l’air intelligent, qui lisent en terrasse le dimanche et boivent un verre de rouge à la lueur du soleil couchant.

Lui : va descendre à la station Châtelet, pour aller boire un apéro au Brouilly devant la Seine, face aux quais.

Elle : va changer à la station Odéon pour acheter du fenouil en branche dans une boutique bio de la rue Mouffetard.

Et il n’y a personne dans ce foutu métro pour leur dire qu’ils sont faits l’un pour l’autre?

*Helmut Newton (né Helmut Neustädter, 31 octobre 1920, Berlin - 23 janvier 2004, Los Angeles) est un photographe australien d’origine allemande. Il est connu pour ses photographies de mode et de nus féminins. [source : Wikipedia]