Bon, allez, je rentre un peu tard à la maison, trop tard pour publier ce soir la deuxième partie de mon compte rendu du Festival du jeu vidéo (que je commence et qui paraît très bientôt, promis), donc j’en profite pour ouvrir une nouvelle “rubrique” sur ce blog : que se passait-il dans le monde du jeu vidéo il y a exactement 20 ans ? Le principe est simple et tient dans le titre : chaque semaine, on va décortiquer un peu les sorties de jeux des années 80, et ressortir de leur placard les perles du passé, un peu de culture, même vidéoludique, ne peut faire de mal à personne.
Nous sommes donc dans la première d’octobre de l’année 2008, revenons donc à la fin de l’année 1988 pour voir ce qu’il s’y passait… À cette époque, cela fait déjà quelques mois que les Japonais s’adonnent sans relâche à quelques perles dans leur genre, comme Dragon Quest III, sorti sur NES le 10 janvier. Si cette série est vraiment connue en Europe depuis le huitième épisode, qui a été le tout premier à atteindre nos terres, elle existe en revanche depuis 1986 au Japon. À l’époque, cette série développée par Enix est la grande rivale d’une autre série de RPG très célèbre et éditée par Squaresoft, Final Fantasy.
Si en Europe, le coeur des joueurs se porte plus généralement vers Final Fantasy, c’est tout à fait l’inverse au Japon, et chaque sortie d’un Dragon Quest est un véritable événement national dans ce pays. Enix a même été obligé de sortir chacun de ses épisodes un dimanche (le 10 janvier 1988 étant effectivement un dimanche), afin d’éviter que les écoles et les lieux de travail se trouvent désertés par des joueurs se ruant le plus vite possible sur le nouvel épisode fraîchement sorti. À noter qu’un des éléments du succès de la série des DraQue (prononcer dlakoué, petit surnom donné par les Japonais avec le temps) est l’arrivée très rapide d’Akira Toriyama pour le design des personnages, à savoir que le monsieur est juste responsable d’un manga et d’un animé tous deux nommés Dragon Ball.
Plus tard, 1988 verra naître, toujours au Japon, la série des Famicom Wars, sur Famicom. Cette série, qui a donc fêté ses 20 ans récemment, est connue aujourd’hui sur Nintendo DS sous le nom Advance Wars (hérité de la GameBoy Advance, où le jeu a évidemment fait un passage). Encore une fois, si nous connaissons en Europe ces jeux depuis seulement une poignée d’années, certains Japonais adultes y jouaient déjà quand ils étaient enfants sur l’équivalent japonais de notre chère NES. Famicom Wars est donc un jeu de guerre assez original, puisqu’il s’agit d’un jeu de guerre opposant les Red Star aux Blue Moon. Une fois que vous avez choisi votre camp, vous devez battre l’adversaire à travers une guerre se déroulant sur une quinzaine de cartes. Le concept était surtout de transposer dans un jeu vidéo ce qui était déjà connu dans certains jeux de plateau et jeux de rôle, à savoir devenir un chef des armées et mener ses troupes à la victoire. La série a connu de nombreuses suites et déclinaisons, sur GameBoy (GameBoy Wars 1, 2, 3 et Turbo), sur Super Famicom (Super Famicom Wars), GameBoy Advance (Advance Wars 1 et 2) et Nintendo DS (Advance Wars Double Offensive et Dark Conflict). À noter également quelques spin off, comme Battalion Wars sur GameCube et Wii, ainsi qu’un 64 Wars, qui a été annulé au profit d’une autre série, Paper Mario.
Enfin, le 26 septembre 1988, sortait en Europe un épisode plus qu’attendu par toute une communauté de joueurs dans le monde : Zelda II : The Adventure of Link. Malgré la notoriété de la série, ce Zelda 2 a été une grosse déception pour beaucoup, notamment à cause d’un virement radical dans la direction de la série : les phases en vue du dessus se font plus rares, et on découvre une nouvelle manière de diriger Link : la vue de côté, un peu comme dans Super Mario Bros. Sauf que ces phases particulières n’ont ni la pêche, ni l’intérêt de l’autre licence à gros sous de Nintendo, et ce qui devait arriver arriva : les fans n’accrochent pas. Rares sont aujourd’hui ceux qui vous affirmeront que ce deuxième épisode était un bon jeu (même s’ils sont bien plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 20 ans). Le jeu n’était pourtant pas mauvais, mais s’éloignait grandement de ce à quoi le premier Zelda avait habitué le public, certainement dans un désir de la part de Nintendo de ne jamais sombrer dans une certaine monotonie, mais de toujours se renouveler. Il aura fallu attendre la sortie de Zelda 3 sur Super Nintendo en 1991, un des meilleurs jeux de tous les temps, pour renouer avec le succès, et pour que The Legend of Zelda devienne enfin la série mythique qu’elle est aujourd’hui.
Terminons ce rétro-billet en précisant que 1988 est également l’année durant laquelle SEGA sort Altered Beast sur Megadrive, Mega Man 2 voit le jour sur NES et devient à son tour une série mythique, la série des Phantasy Star fait ses premiers pas sur Master System, et où John Madden vend son nom à Electronic Arts, qui crée alors la série de Football américain la plus aboutie à l’époque comme aujourd’hui. Mais nous en parlerons certainement dans un prochain billet…