Lors d’un tournoi au Bato Fou, Slam La Kour a donné rendez-vous le week-end dernier à tous les poètes modernes de l’Océan Indien afin d’y désigner le meilleur d’entre eux. Le slam décollerait-il à la Réunion ?
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Victor Hugo, Alain Peters, Aimé Césaire... Les posters des poètes sont affichés sur les murs de la scène du Bato Fou. Comme pour encourager les poètes modernes que sont les slameurs, venus samedi et dimanche derniers à Saint-Pierre participer au championnat de slam local et de l’Océan Indien . Les prestations, de trois minutes chacune, s’enchaînent devant le père fondateur du slam, Marc Smith. Cela fait 20 ans que l’Américain a inventé cet art du maniement des mots, dans les rues de Chicago.
A la Réunion, le mouvement artistique a vraiment émergé, il y a un an et demi. Selon Héléna Burglehner, étudiante et présidente de Slam La Kour, « le slam correspondait à un besoin pour les Réunionnais ». Cet « art moderne tendance » seraient une véritable arme contre l’illettrisme à la Réunion. Ce combat se passe notamment à travers différents ateliers dans les collèges pour « donner goût à l’écriture et à l’imagination aux jeunes générations ». Marielle Chevallier, romancière, est l’illustration vivante des passerelles tendues entre la littérature classique et le slam. Pour elle, « ce qui a tout déclenché c’est la fête de la musique, le bouche à oreille a fait le reste ».
Sur scène, les joutes oratoires se succèdent et le public,venu en nombre, est en liesse. Pour Serge Fabreson, représentant de la Jeunesse et des Sports, c’est une aubaine. « Si ça peut représenter un déclic littéraire pour les jeunes en difficulté, c’est formidable ! » Le mouvement a pris tellement d’ampleur que les organisateurs de la manifestation ont dû s’adapter. « Au début, nous voulions faire un festival mais de fil en aiguille, ça s’est transformé en tournoi avec 12 pays de l’Océan Indien », s’étonne Héléna Burglehner.
Slam qui peut
Les slameurs pei ont été gâtés. « Faire venir tous les champions de l’Océan Indien et Marc Smith en même temps, Slam La Kour a fait fort », s’exclame Fabien Crochet, champion de la rime sensuelle. Slam, hip hop, les frontières sont floues. Nombreux sont les rappeurs qui s’essaient au slam pour donner au rap plus d’état d’âme. « Je veux montrer que le rap, c’est pas que du « Bling Bling », qu’il y a aussi du texte et de l’émotion », revendique Anthony Mangué, alias Mc Léo, président de l’association Déclic. D’autres sont venus ici pour fuir et combattre les problèmes de la cité. « Ça me permet de sortir du quartier, de casser les barrières et de côtoyer des étrangers », slame Boris Razafiarison.
A 19 ans, ce jeune réunionnais donne dix heures de cours par semaine dans quatre collèges dionysiens. Cependant, tous les slameurs n’ont pas voulu participer à la sélection. Sébastien Rittere a renoncé à l’épreuve car pour lui, « le slam n’est pas un texte appris par coeur mais une improvisation qui vient du coeur ». A l’issue du tournoi, deux vainqueurs ont été désignés par le jury. Lors de la grande finale « Bolo » et « Double G » déclameront pour la fierté de leur île. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, le slam péi continuera ses rimes.
Romaric FILIATRE
Etudiant en journalisme à Info-Com
Les règles du slam
Les slameurs ont trois minutes pour convaincre. Ils peuvent lire, parler ou chanter, sans accompagnement musical, dans la langue de leur choix. Ni costumes, ni accessoires ne sont autorisés lors de la prestation. Pour Marc Smith, « le slam a une double définition qui lui va bien ». Le terme en anglais est associé au mot « frapper ». En américain, l’expression « slam » est utilisée lorsqu’un joueur de baseball fait un hit avec sa bate. R.F. Légende : C’est Marc Smith, en personne, qui a remis le trophée aux deux vainqueurs locaux.