Deux inconnus, une jeune fille en fleur, un homme que l’on sent d’âge plus mûr. S’installe entre eux, une relation épistolaire par email, puis un jeu pervers et intriguant. Il devient son confident, elle le veut Amant, elle décide de le rencontrer. Il accepte, mais à ses conditions : « A chaque rencontre, elle porterait un bandeau. Il ne parlerait pas. Elle pourrait se servir de ses autres sens, sans jamais ôter le bandeau. »
Comme elle, nous n’avons qu’une envie : connaître avec les yeux cet Amant qui la fait sombrer dans le coté obscur (mais aussi lumineux) du sexe, l’invite sans cesse à exprimer ses désirs, à ouvrir toutes les portes de son corps et à se dépasser. Mais il brouille les pistes, et on en redemande encore. Avec son art du mystère, l’Amant inconnu la mène sur les chemins des lectures de Sade, puis lui impose des jeux de plus en plus subtils et dangereux. La jeune femme se révèle vite une bonne élève obéissante et une amante experte, qui abuse de son art avec d’autres jeunes hommes pour toujours mieux satisfaire son maître. En la poussant dans ses retranchements les plus intimes, son obscénité et son goût démesuré pour le sexe ruissellent sur les pages…
Sous la plume efficace et sans retenue de l’auteur, « Le bandeau » est un beau roman d'initiation, maintenu par un suspens haletant sur l'identité de l'Amant, qui sera dévoilé avec brio dans les dernières pages. C’est aussi un très beau portrait de femme, qui décide d’infléchir son destin en s’offrant à l’Amour sans conditions, prête à toutes les folies et tous les extrêmes, pour se connaître mieux et prendre les chemins d’une liberté profonde et personnelle. Un livre envoûtant.
Jean – François Mopin, Le bandeau. Poche J’ai lu, Février 2008.
Article paru dans le Magazine des Livres de Mars 2008, en kiosque. Par Katrin Alexandre