En ce moment, je me retape pas mal de films de John Carpenter comme The Thing (mon préféré) ou l’Antre de la folie. Mais un de ses films les plus mal aimé génère chez moi une forte côte de sympathie : il s’agit de l’inclassable Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, sorte de pot pourri de film de kung fu et d’action à l’américaine le tout dans une ambiance kitsch à souhait…
Jack Burton dans les griffes du mandarin – Du fluo et encore du fluo
Jack Burton est un routier aimant bien traîner à Chinatown. Pour récupérer une dette, il décide d’accompagner son ami Wang chercher une amie chinoise avec une particularité unique : des yeux verts. L’amie chinoise se faisant enlever sous leurs yeux, Jack et Wang vont partir à sa recherche dans un quartier ou règne une légende autour de Lo Pan, un sorcier maléfique pouvant retrouver son enveloppe corporelle en se mariant à une chinoise aux yeux verts…
John Carpenter a toujours été en marge du système hollywoodien. Ses films n’ont jamais été conçus ni diffusés pour le grand public, mais pour des passionnés ou des acharnés. Et Big Trouble in Little China (le titre en VO) ne déroge pas à la règle. Quinze ans avant l’intégration des influences Chinoise dans le cinéma mondial et donc américain, Carpenter se permet de faire un film tordu mélangeant magie, kung-fu, héros des années Reagan et beaucoup de mauvais goût.
Plus que jamais, Kurt Russell incarne pour Carpenter l’anti-héros par excellence. Gros bœuf, à la limite du bauf, chaussant des bottines et un marcel qui le feraient aujourd’hui passer pour un lecteur acharné de Tétu, il joue un mec toujours dépassé par les situations, arrivant toujours après la bataille et finalement passant son temps à se faire sauver la vie par son ami Wang. Une sorte de rôle féminin classique, mais interprété par un homme…
Mais là où Carpenter surprend le plus, c’est en introduisant très vite dans son récit un univers fantastique. Tout d’abord au travers des personnages des trois trombes, sorte de tueurs légendaires et quasi-invincibles, maîtrisant entre autre le pouvoir de la foudre (des années avant Rayden de Mortal Kombat). Puis en développant petit à petit ce folkore en y rajoutant une sorte de yéti et un beholder, un sorcier millénaire, une histoire de fantôme et la fameuse « rivière noire des profondeurs de la terre » qui est en fait juste sous Chinatown.
Ce ton second degré est omniprésent, avec des combats sur trampolines, un humour très cartoonesque, et surtout… surtout… des néons partout. Les spectateurs du film ne peuvent que se rappeler une des scènes finales autour d’un Bouddha géant encadré par des néons, accessible par un escalator, le tout dans une salle millénaire. Difficile de faire mieux question nawak…
Il est clair que Jack Burton tranche clairement dans la filmographie de Carpenter qui ont toujours eu une résonance très Lovecraftienne, traitant toujours de folie, de monstres millénaires ou d’intrusion d’un mal surpuissant dans un environnement clos (y compris dans Assaut, rare film non fantastique du maître). Alors qu’en penser ? Est-ce un nanar ou un film culte ?
Chacun reste libre d’avoir sa propre appréciation à son sujet. A titre personnel je trouve qu’il anticipe bien la déferlante de combats câblés, de starification des arts martiaux et de pseudo mysticisme qui allait frapper Hollywood des années plus tard. Et en remettant le film dans son contexte, il semble forcément visionnaire… Le film est disponible dans une très belle édition double en DVD.
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