Chute vertigineuse de Wall Street après le rejet du plan Paulson au Congrès. MacCain politise à outrance ce sujet alors qu’il est aux abois dans les sondages.
À Wall Street, le Dow Jones s’est effondré hier, 29 septembre 2008, de 7% (6,98
exactement), le Nasdaq de 9% (9,14 exactement) et le Standard & Poor’s de 9% (8,81 exactement)… Une dégringolade historique.
C’est la plus forte chute enregistrée depuis le 17 septembre 2001, jour de la réouverture de Wall Street après les attentats du 11 septembre
2001.
Enfin, selon l’AFP, car selon Reuters, c’est la plus forte chute depuis octobre 1987.
La débâcle des titres du secteur financier est totale et déborde même sur le secteur technologique et sur le prix des matières premières (y compris
le baril de pétrole qui a perdu dix dollars).
Cependant, ce 30 septembre 2008, l’Europe réussit à bien encaisser le choc : le CAC 40 était même en légère hausse (+0,20%) le mardi matin à
Paris. Mais les bourses asiatiques ont moins bien résisté (baisse du Nikkei de 4,12% à Tokyo).
Les États-Unis plongés dans une longue dépression ?
Depuis la crise de subprimes en juillet 2007, tout va mal dans les finances américaines. Depuis quelques semaines, les banques s’effondrent. Même une
banque eurocontinentale (Fortis) était au bord de la faillite par effet dominos.
Il y a dix jours, le Secrétaire d’État américain au Trésor Henry Paulson propose un plan révolutionnaire. 700 milliards de dollars à injecter dans
les entreprises qui chutent de l’économie américaine. Pour éviter le pire. Pour stabiliser le tout. Un montant énorme. Et peut-être insuffisant.
En gros, les États-Unis deviennent un pays communiste à économie étatisée et planifiée ! Incroyable. Surtout provenant de George W.
Bush.
Un échec parlementaire majeur
Mais ce qui est le plus incroyable, c’est que Bush n’est plus soutenu par les Républicains. Ses alliés, ce sont les Démocrates qui ont essayé de
négocier et d’amender le plan Paulson.
En vain, puisque hier, le Chambre des Représentants a rejeté de façon inattendue ce plan de sauvetage. Par 228 contre 205.
Deux représentants républicains sur trois ont rejeté le plan Paulson alors que plus de la moitié des représentants démocrates l’ont approuvé. Les Républicains (minoritaires) ne pouvaient accepter
cet anti-libéralisme primaire.
Surtout vis-à-vis de leurs électeurs (le 4 novembre 2008, il n’y a pas que l’élection du Président des États-Unis) et les citoyens américains sont en
colère car 700 milliards de dollars, cela veut dire que les Américains payeraient de leur poche 2 000 dollars chacun, bébé compris.
La mauvaise foi du vétéran solitaire MacCain
Le plus déroutant, c’est la réaction de John MacCain.
Jeudi dernier (25 septembre 2008), après avoir voulu se faire porter pâle à son premier débat (qui aura été suivi par 52,4 millions d’Américains), il a été très contreproductif lors de la grande réunion à la Maison Blanche. Alors qu’un accord était sur le
point d’être trouvé entre l’Administration et les Démocrates, il a gâché cette chance pour proposer un autre accord avec les Républicains.
Et aujourd’hui, MacCain est d’une monstrueuse mauvaise foi. À but bassement électoraliste.
MacCain a eu en effet le toupet de dire : « Nos dirigeants doivent laisser leurs
divergences politiques à la porte et se mettre au travail pour régler les problèmes. Le sénateur Obama et ses alliés ont instillé une partialité inutile dans le
processus »
Son conseiller, Douglas Holz-Eakin, a même accusé Barack Obama d’être le responsable de cet échec car il n’aurait pas voulu imposer ses positions aux
représentants démocrates en « faisant passer la politique avant l’intérêt du pays »
Mais les Démocrates ont répliqué fermement. C’est MacCain qui a semé le trouble jeudi dernier. Et le président de la Commission des finances de la
Chambre des Représentants, le Démocrate Barney Frank, a clairement imputé cet échec aux Républicains.
Gregory Meeks, un représentant démocrate, affirme de son côté : « John MacCain est
venu à Washington (…) pour faire avancer les choses. Eh bien, les choses se sont plutôt désagrégées en sa présence. »
Le porte-parole d’Obama confirme par ailleurs : « Il s’agit d’une crise nationale,
et aujourd’hui, l’inaction du Congrès de même que les communiqués enflammés et hyperpartisans de l’équipe de campagne de MacCain sont exactement ce pourquoi les Américains sont dégoûtés de
Washington. »
Bush & Obama versus MacCain ?
Bush Jr, l’allié objectif d’Obama ? C’est pourtant un peu l’alliance de circonstance qu’on est en train de vivre ces derniers jours.
Et si MacCain venait (malgré tout) à être élu, alors, peut-être regretterait-on alors son prédécesseur qui, impuissant, essaie quand même d’apporter
une réponse à la crise en dehors de tout calcul politique et de toute idéologie.
Obama a téléphoné à Paulson, Nancy Pelosi et d’autres parlementaires. Il est confiant dans l’aboutissement d’un accord.
En raison du nouvel an juif, la prochaine séance de la Chambre des Représentants aura lieu jeudi 2 octobre 2008. Trois jours après.
Mais chaque jour compte. Le plan est très urgent. Chaque jour qui passe voit une institution financière s’effondrer : Washington Mutual,
Wachovia etc.
Il faut vraiment avoir une sacrée dose de masochisme pour vouloir présider les États-Unis en cette fin de 2008.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (30 septembre 2008)
Pour aller plus loin :
Dépêches de presse AFP sur la situation financière.
Vidéos et article sur la responsabilité des Républicains ou des Démocrates dans le rejet (30 septembre
2008).
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45094
http://www.lepost.fr/article/2008/10/01/1277902_est-ce-la-fin-du-monde.html